En animant hier à la maison de la presse de Kouba (Alger) une conférence de presse, Abdelwahid Bouabdallah, PDG d'Air Algérie, s'est voulu rassurant sur l'état de santé de la compagnie nationale. Il a annoncé des chantiers ouverts et des projets en maturation dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Au moment où le transport aérien mondial traverse une dangereuse zone de turbulences, affecté par l'augmentation du prix du kérosène (devenus le premier poste de dépenses) et par la crise financière, le patron de la compagnie annonce des ouvertures de lignes. « On prévoit 2 vols sur Pékin par un airbus A330-200 avec un prix très compétitif (70 000 DA HT). L'accord aérien signé avec la Chine prévoit 14 vols. On va ajouter Shanghai et les villes les plus demandées par les hommes d'affaires algériens. Nous ambitionnons d'ouvrir Téhéran qu'on pourra jumeler avec Moscou en début d'année avec 2 vols hebdomadaires. Quant à Alger-New York, on a obtenu l'accord de principe mais la loi postale a freiné cette inauguration. Les lettres de moins de 80 grammes restent le monopole d'Algérie Poste, ce qui est contraire aux principes de l'Open Sky, qui stipule le libre accès au transport et au commerce pour le flux de marchandises. » A Kouba, il a annoncé l'acquisition d'un simulateur de vol de B737 de nouvelle génération pour l'entraînement au pilotage et les programmes de recyclage-qualification. Il précise qu'il n'y a jamais eu de « départ massif des pilotes qui sont caractérisés par leur côté sédentaire. L'effectif qui est parti est un mouvement acceptable. Ils ne sont pas motivés uniquement par le salaire mais aussi par l'épanouissement de leurs vies professionnelle et familiale. Ils veulent de la considération. D'ailleurs, c'est grâce à leur disponibilité qu'on a pu ouvrir de nouvelles lignes. » Concernant les réservations, le PDG d'Air Algérie a affirmé que la compagnie a décidé de lancer une consultation pour acheter un logiciel intégré qui puisse servir à la réservation, à la distribution et à la gestion des stocks. L'amélioration de la qualité de service et de la ponctualité sont une priorité. Tout en reconnaissant que la clientèle a été malmenée pendant de longues années, aujourd'hui, dira-t-il « elle est au centre des préoccupations, car nous sommes convaincus que c'est le client qui paie nos salaires ». Dans ce contexte, 2880 agents commerciaux bénéficieront d'une formation dans l'accueil, le comportement et la manière d'aborder les potentiels clients. Les critères retenus pour les fournisseurs dans le cadre de l'achat des avions sont l'homogénéité de la flotte et de l'équipage, les gains en matière d'exploitation et le rapport exploitation au prix du kilomètre transporté. Il est prévu l'acquisition de 11 avions, 4 de 70 places de transport régional achetés sur le budget de l'Etat qui subventionne le transport domestique, 7 avions de ligne moyen-courrier de 250 places dont 2 en version tout-cargo. « Ces acquisitions vont nous permettre de renouer avec la ponctualité et avoir un réseau plus rationnel », a-t-il mis en exergue. Quant à l'affrètement, il affirme que ce sont des avions sécurisés car « la direction de la maintenance se déplace deux jours en inspection. Il y a aussi la traçabilité de leur activité ». Si la compagnie nationale affrète souvent Saga et Pegasus Airlines (compagnies aériennes turques), « c'est parce qu'elles ne demandent pas de cautionnement ». Il a affirmé aussi qu'un conseil interministériel sera bientôt consacré à Air Algérie pour tracer une stratégie de relance et lui donner les moyens de voler en haute altitude. « Les concurrents passent leur temps à se surveiller sur le marché algérien de l'aérien. Ce qui les intéresse, c'est de ramener les passagers vers leur hub (plate-forme de correspondance) et les mettre sur les long-courriers », souligne-t-il. Le réseau Europe, et plus particulièrement la France, demeure son premier marché à l'international. La compétition va être de plus en plus rude après l'arrivée de la compagnie Emirates qui a, semble-t-il, obtenu les accords nécessaires. « On va avoir mal surtout dans la liaison point à point. Dans ces conditions, nous sommes condamnés à nous améliorer », conclut Abdelwahid Bouabdallah.