L'élection présidentielle en Palestine a été fixée au 9 janvier prochain. En rendant publique cette décison, l'une des plus significatives après le décès de Yasser Arafat, les dirigeants palestiniens entendent à l'évidence observer le plus stict respect des dispositions constitutionnelles qui s'attachent à un tel cas de figure en disposant l'organisation de ce genre d'élections soixante jours après la vacance de la présidence. Les mécanismes institutionnels paraissent donc être à l'œuvre pour permettre à l'Autorité palestinienne d'assurer la continuité des actes de gouvernance. La communauté internationale est ainsi prise à témoin de la bonne volonté des instances dirigeantes palestiniennes de poursuivre le cours normal du processus institutionnel interne. Les Palestiniens doivent en effet choisir le président qui aura, dans les mois à venir, la charge de conduire les destinées de la nation et du pays. Ce n'est donc pas du côté des Palestiniens, peuple et dirigeants, que l'attention va se tourner, mais dans la direction de l'Etat israélien, et dans celle aussi des Etats-Unis. L'élection présidentielle en Palestine n'intervient pas dans un contexte ordinaire dans la mesure où le pays est soumis à une occupation militaire et au bouclage systématique de tous ses pans de territoire. Cela ne facilitera certainement pas la liberté de mouvement des candidats et imposera de fortes restrictions à la campagne électorale. Sauf évolution spectaculaire, il n'y a pas lieu de s'attendre que les Isréliens varient dans leur intransigeance à l'égard de la Palestine. Quelle serait ainsi la portée de l'élection si les Palestiniens de Jérusalem-Est en étaient exclus ? La communauté internationale qui a pris acte de l'annonce officielle de l'élection présidentielle en Palestine occupée ne peut que redouter les manœuvres israéliennes pour empêcher leur bon déroulement en sachant pertinemment que le président légitime que désigneront les urnes pèsera de tout son poids dans la poursuite du processus de paix au Proche-Orient. Ce président sera celui de tous les Palestiniens d'abord, mais il jouira du crédit international en tant qu'interlocuteur valable, ce que Israël autant que les Etats-Unis avaient dénié en dépit du bon sens historique à Yasser Arafat que les Palestiniens regardaient à juste titre comme le Père de la nation. L'élection du 9 janvier 2005 ôtera de fait tant à Israël qu'aux Etats-Unis le prétexte de l'interlocuteur valable et les poussera dans leurs derniers retranchements car cette élection a les faveurs de la communauté internationale. Outre qu'il interviendra dans un contexte ordinairement hostile, les Palestiniens continuent d'être soumis à l'épreuve du feu, le scrutin prévu le 9 janvier prochain aura la particularité d'être un moment historique car il n'y a pas d'événements qui puissent lui être comparables. Le fait que l'Autorité palestinienne s'engage aussi résolument à ce que cette élection se tienne dans les conditions définies par la Loi est un indice probant de sa volonté d'assurer la continuité de la vie institutionnelle même en face de l'adversité la plus acharnée d'Israël. La consultation annoncée pour le 9 janvier bat en brèche l'hypothèse sournoise d'une implosion palestinienne et de l'incapacité d'assurer l'après-Arafat. La balle est désormais dans le camp d'Israël et des Etats-Unis qui ne peuvent pas indéfiniment faire une chose et son contraire au moment précisément où les Palestiniens les ont mis devant leurs responsabilités. Et c'est à cet égard que l'élection du 9 janvier prochain constitue, dans tous les sens qui peuvent être donnés aux mots, une réelle prise de date.