Au-delà des ambitions personnelles des deux candidates à la présidence du Parti socialiste français, Martine Aubry et Ségolène Royal, et de leurs courants respectifs qui se sont affrontés dans un duel particulièrement serré, l'élection à la tête du PS donne du sens à ce que devrait être la saine compétition politique. Les manœuvres de clans, les coups bas, les alliances et les retournements d'alliances, les contestations pour cause de fraude qui ont émaillé l'élection du premier secrétaire du PS s'effacent devant cette belle leçon de démocratie participative que les militants du parti des deux camps ont offert en montrant, par leur mobilisation sans faille dans la bataille électorale, que le combat pacifique pour la citoyenneté, pour des valeurs, un projet de société partagé est un exercice exaltant, une cause qui vaut tous les sacrifices. Ce qu'il conviendrait surtout de retenir de l'événement, c'est que la démocratie politique, la vraie, commence d'abord à la base, au niveau des partis politiques en favorisant le débat contradictoire et l'émergence des élites les mieux à même de défendre les couleurs du parti aux différentes élections aux niveaux local et national. La vocation d'un homme politique qui jouit ou pense jouir d'une représentativité, d'une aura au sein de sa formation politique, qui prétend porter un projet de société, lui commande de se soumettre à l'épreuve des urnes, dans la transparence et le respect du vote des militants. Il se doit d'avoir des ambitions pour son parti et pour son pays. Sur ce plan, l'Algérie est encore hélas ! à mille lieues des standards politiques internationaux des démocraties modernes. Quand on sait comment se plébiscitent les chefs de parti des formations adoubées au pouvoir, lesquels sont souvent parachutés de l'extérieur du parti et comment se soldent les crises nées de la guerre des chefs au sein des partis, à coups de dobermans et de lynchage physique et psychologique pour désarmer un rival qui franchit les lignes rouges tracées par les appareils, on comprend mieux alors pourquoi les citoyens se détournent de la chose politique et pourquoi l'abstentionnisme est devenu le premier parti politique en Algérie. Il ne faudrait pas s'étonner si l'on en arrive à des aberrations et des loufoqueries comme celles auxquelles on assiste, à chaque élection présidentielle, où des chefs de parti supposés influents, en l'occurence les trois partis de l'Alliance présidentielle : le FLN, le RND et le MSP vont encore une fois de plus devoir, la mort dans l'âme, sacrifier leurs ambitions personnelles - et ils en ont - et celles de leur parti, pour soutenir pour la troisième fois consécutive une tierce candidature, celle du président Bouteflika. Encore une autre spécificité toute algérienne !