Les participants au premier colloque euromaghrébin de médecine générale, que vient d'abriter deux jours durant l'université de Mostaganem, sont unanimes pour saluer l'initiative du Dr Hadjij et des autres membres de l'association des médecins généralistes de Mostaganem. Organisé en plénière et en ateliers, ce colloque aura également vu la participation très appréciée du professeur Ali Chadly de Tunisie, des Français Jean-Pierre Jacquet, Patrick Imbert et du Marocain Toufik Meskini. Côté algérien, il y avait une participation étoffée de médecins spécialistes de grande renommée ainsi que la présence de plus d'une centaine de généralistes. On aura noté la participation très appréciée du père de la chirurgie infantile en Algérie, le professeur Abouloula. Venu de sa lointaine oasis, le professeur aura apporté une caution morale considérable à cette rencontre. Lors de la cérémonie protocolaire, c'est le professeur Seddiki, recteur de l'université de Mostaganem, qui procèdera à l'inauguration du colloque. Dans un discours condensé, il dira sa fierté d'accueillir une manifestation d'une telle envergure et profitera de l'occasion pour annoncer la prochaine ouverture d'une faculté de médecine de 4 000 places à Mostaganem. A l'intention de ses nombreux collègues venus des quatre coins du pays, il n'hésitera pas à lancer un appel aux compétences afin que les futurs étudiants de Mostaganem, soulignera-t-il, puissent bénéficier des meilleures compétences dans le domaine. Lors de la première séance plénière, les participants auront droit à trois sessions, l'une sur l'état des lieux de la formation médicale en Algérie qui sera animée par les professeurs M'hand Issad qui parlera de l'expertise algérienne, tout en insistant sur l'aspect novateur de cette réflexion, surtout lorsqu'elle se nourrit de l'expérience des autres. Le Pr. Malek orientera son intervention sur la formation continue de la FMC (Formation médicale continue) dans la région Est du pays ; il sera suivi par le Dr Salahlaouar, qui soulignera que la FMC est consacrée par le code de déontologie médicale et le code de la santé, ajoutant à regret que la FMC n'est ni obligatoire ni qualifiante pour ceux qui s'y investissent. Il mettra en exergue nombre de praticiens exerçant dans les secteurs sanitaires et dans le secteur privé qui s'élève respectivement à 20 365 et 24 226. Les généralistes Bouhouidga et Boughazi aborderont successivement l'intérêt des congrès dans la formation médicale continue et les textes fondamentaux régissant la FMC. Et présenteront respectivement les textes de la FMC et l'importance du changement de comportement induit par la FMC. Le Dr Boughazi de Ghazaouet fera ensuite une élégante intervention sur la nécessaire adaptation du médecin généraliste à son environnement et aux innovations. Le Pr. Ouchtati du CHU de Constantine parlera avec gravité du CES de médecine d'urgence et son apport à l'amélioration des soins au niveau des urgences médicochirurgicales. Pour lui, le professionnel en médecine générale est un spécialiste de 1er recours qui coordonne les soins nécessaires au patient, assure la synthèse, permet la continuité des soins. Après avoir parlé de l'historique de la création du CES dès 1994, le conférencier retracera les différentes étapes de la création des CES et de la notion de formation continue. Après avoir magistralement énuméré la panoplie de textes, il conclura par la nécessité de les réactiver afin de redonner une base juridique à la FMC. Dans sa conférence intitulée « Quel profil pour le médecin omnipraticien en Algérie ? », le Pr. Abid d'Alger précisera que le profil du médecin doit nécessairement tenir compte de l'état sanitaire de la société dans laquelle il évolue. Il fera également un état des lieux de la situation sanitaire du pays à travers les indices sanitaires, insistant particulièrement sur la démographie médicale galopante, précisant que, depuis 1995, 3 500 médecins sont mis sur le marché du travail annuellement. Quand la FMC devient obligatoire La seconde session sera axée sur l'état des lieux de la formation en médecine générale dans le Maghreb et en Europe. Elle sera animée par les professeurs Ali Chadly, Toufik Meskini, Jean-Pierre Jacquet, Partick Imbert J.M. Séjourné. Le Pr. Ali Chadly, de Monastir (Tunisie), parlera de l'expérience tunisienne en insistant sur le fait que la formation médicale n'est pas superposable à la pratique médicale professionnelle. Il insistera sur le rôle central de l'apprenant, celui du formateur étant davantage un tuteur qui accompagne l'étudiant vers l'autonomie. Le Pr. Jean-Pierre Jacquet, directeur du Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE), présentera l'expérience française en matière de formation médicale où un concours très sélectif sanctionne la 1ère année. Ensuite de la 2ème à la 6ème année, la formation se déroule en alternance entre l'amphi et l'hôpital. Le choix des spécialités n'intervient qu'après un concours. Pour la médecine générale, il faut ensuite suivre un enseignement théorique de 200 à 300 heures, le DES est délivré après un mémoire, suivi d'un document de synthèse puis une thèse de doctorat. Rappelons qu'un projet de réforme de la première année de médecine vient d'être initié par Valérie Pécresse, la ministre française de l'Enseignement supérieur. L'expérience marocaine de formation continue, telle que décrite par le Pr. Toufik Meskini, est assurée par les associations de médecins, le conseil de l'Ordre, les facultés de médecine, le ministère de la Santé et les firmes pharmaceutiques. Cette FMC n'est pas obligatoire et les médecins du privé en sont souvent exclus. Malgré une couverture sanitaire d'un médecin pour 1 822 habitants, le Maroc projette de former d'ici 2020 pas moins 3 300 généralistes. L'intervenant soulignera la nécessité du repositionnement du médecin généraliste dans le système de santé marocain, qui devra assurer une médecine de qualité à visage humain et à des coûts raisonnables. Le Pr. Patrick Imbert du Collège Général des Généralistes Enseignants (CNGE, France) parlera de l'implication de la médecine générale dans la recherche universitaire tout en soulignant que cette recherche doit être pertinente, durable et de qualité, afin qu'elle produise à la fois des données et du savoir. Le Dr. Séjourné articulera son intervention sur la genèse de la formation continue qui débute en France dès 1975, sous la houlette d'un fort mouvement associatif. Ce n'est que dans les années 90 que la FMC conventionnelle voit le jour avec une indemnisation des médecins participants, grâce à un financement par des Fonds d'Assurance Formation, en cogestion avec les syndicats. Ce n'est qu'en 2002 que la FMC devient obligatoire. Une longue gestation qui semble donner ses fruits et qui n'aura pas laissé insensibles les praticiens du Maghreb.