Bouteflika passe déjà à l'élection présidentielle de 2009 en préparant le terrain de la campagne électorale. Réunissant hier le conseil des ministres, le chef de l'Etat a invité le gouvernement à « redoubler d'efforts durant la période qui précède la prochaine élection présidentielle, afin de faire encore davantage le processus de reconstruction nationale et de répondre ainsi aux attentes des citoyens ». Cette instruction qui exige de l'Exécutif de mettre le plein de carburant avant l'ascension finale d'avril 2009 est suivie du leitmotiv qui arborera les manchettes de la campagne, à savoir la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Une fois la révision de la constitution acquise, le président de la République revient sur ce qui a été son cheval de bataille lors de ses premier et deuxième mandats, à savoir la politique de réconciliation nationale basée sur les textes d'une charte votée et approuvée mais critiquée sur sa méthodologie et ses résultats. Une fois encore la réconciliation nationale arrive, comme en 1999 et en 2004, pour faire le lit d'un nouveau mandat et entretenir les intérêts en hauts lieux. A la veille donc d'une troisième investiture, le chef de l'Etat a instruit le premier ministre d'accélérer le traitement des dossiers concernés par la charte portant paix et réconciliation nationale. « L'ensemble des dossiers des personnes concernées par ces mesures ont été déposés au niveau des administrations compétentes dans les délais fixés par la loi, et la grande majorité a déjà été traitée et réglée », affirme Abdelaziz Bouteflika, regrettant qu'un « certain nombre de cas reste en instance ». Le chef de l'Etat indique que le retard qui a touché le règlement de ces dossiers est le « fait de lourdeurs bureaucratiques et parfois de négligences de la part des requérants. Ce travail doit être finalisé conformément à la volonté souverainement exprimée par la nation. J'attends donc du gouvernement qu'il s'y investisse dans les meilleurs délais », a-t-il précisé. Revenant sur l'adoption du projet de révision de la constitution, Bouteflika a exprimé sa « profonde satisfaction » et a invité le premier ministre à « préparer le projet de plan d'action pour la mise en œuvre du programme du président de la République, en vue de le soumettre au Parlement ». Le conseil des ministres a abordé la question de la lutte contre la criminalité à la faveur d'une communication présentée par le ministre de la Justice et garde des Sceaux. « La garantie de l'assistance juridique » Le chef de l'Etat a estimé, à ce propos, que « les séquelles de la tragédie nationale, les mutations que connaît notre société ainsi que l'ouverture de plus en plus large de notre pays au reste du monde se sont accompagnées de l'apparition de nouvelles formes de crime, de violence et d'atteinte à la loi. Tout cela exige l'adaptation de notre législation (...) ». Le président de la République a invité les citoyens à s'organiser davantage dans le cadre de la nouvelle loi adoptée sur l'assistance judiciaire, de se constituer partie civile et de défendre l'intérêt général, notamment pour la défense des consommateurs et pour la quiétude dans les quartiers. « La garantie de l'assistance judiciaire aux victimes de la traite des personnes, du trafic d'organes, des migrants, ainsi que du terrorisme est une preuve supplémentaire de la détermination de la collectivité nationale à combattre toutes ces formes de crime qui lui sont étrangères et qu'elle condamne sans appel », souligne le chef de l'Etat.