Après avoir pacifié la centrale syndicale, UGTA, en lui faisant signer le pacte économique et social, les pouvoirs publics tentent de refaire l'expérience avec les syndicats « autonomes ». En prévision de l'élection présidentielle de 2009 et pour éviter toute perturbation du climat « du troisième mandat », ils (les pouvoirs publics) séduisent les représentants des syndicats. « L'appât », cette fois-ci, est « le nouveau régime indemnitaire ». Le report des négociations sur le nouveau régime indemnitaire semble être programmé. Il sera une carte supplémentaire entre les mains des autorités pour plaider la cause de l'actuel président qui sera, en 2009, candidat à sa propre succession. C'est ce que l'on peut déduire de la déclaration faite, hier, par quatre syndicats de l'éducation, la FNTE (UGTA), le SNAPAP (aile de Felfoul), le SNTE et le SATEF. Ces derniers ont, officiellement, fait le serment de ne plus prendre part à une grève ou à une action de contestation avant le prochain scrutin présidentiel (avril 2009). « Par respect au service public et parce que le pays traverse une période sensible, en particulier les échéances politiques prochaines, les syndicats déclinent leur responsabilité par rapport aux grèves et aux mouvements de contestation qui seront organisés durant cette période-là », informent les quatre syndicats dans un communiqué rendu public, à l'issue d'une réunion avec le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid. Pour justifier leur position, les quatre organisations affirment que le premier responsable du secteur « leur a donné des explications convaincantes concernant le statut particulier des travailleurs de l'éducation ». « Il a également donné des explications sur le nouveau régime indemnitaire qui sera ouvert aux négociations après la finalisation de tous les statuts particuliers des différents secteurs de la Fonction publique », ajoute le même communiqué. En réaffirmant leur attachement aux principales revendications des travailleurs et la nécessité de faire participer les syndicats à l'élaboration du nouveau régime indemnitaire, les syndicats en question se félicitent de la méthode adoptée par la tutelle dans ses rapports avec les autres syndicats. Pourquoi alors contester quand la tutelle est ouverte aux négociations et prend en considération toutes les propositions émanant des syndicats autonomes ? Contrairement aux affirmations de ces organisations, de nombreux syndicats autonomes, en particulier ceux représentant les enseignants du secondaire, ont déploré l'absence de dialogue. Et cela ne date pas d'hier. Les revendications des syndicats autonomes sont toujours les mêmes depuis au moins cinq ans. En guise de réponse à leurs doléances, les pouvoirs publics ont eu recours à la manière forte : répressions, harcèlements judiciaires, ponctions sur salaire et même la radiation des enseignants grévistes. Même le droit de grève, consacré par la Constitution, est en train d'être remis en cause. L'essentiel c'est d'imposer une « paix sociale » en attendant le passage de la caravane du troisième mandat.