Lorsque le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, s'est empressé de proposer hier l'envoi en Inde de troupes militaires pour intervenir dans la lutte contre le terrorisme, les autorités indiennes ne se sont pas embarrassées pour signifier à Tel-Aviv un refus sec, affirmant que « ce genre d'assistance n'était pas nécessaire ». New Delhi (Inde). De notre envoyée spéciale Préférant agir avec prudence mais rigueux, l'armée indienne est parvenue à réduire au minimum les pertes dans ses rangs et à libérer les touristes pris en otages par les assaillants sans faire de victimes. Le gouvernement indien, par la voix de son Premier ministre Manmohan Singh, s'est bien gardé de susciter la haine religieuse entre ses administrés, parlant au début, d'« organisations étrangères derrière les attentats », sans nommer les islamistes pakistanais. Et ce n'est qu'une fois la nationalité pakistanaise de certains assaillants tués ou capturés confirmée, que le ministre des Affaires étrangères Pranab Mukherjee, a accusé des « éléments du Pakistan », d'être « responsables » des attaques perpétrées à Bombay, avant de demander à Islamabad de dépêcher des responsables de l'Inter-services d'intelligence pakistanais (ISI), pour collaborer avec les investigateurs indiens. Ce qui a été accepté par Islamabad. Un vent de panique avait, cependant, soufflé hier matin, sur Bombay, après que des rumeurs, vite démenties par les services de sécurité, aient fait état de nouvelles attaques dans la ville. Mais les autorités indiennes ont maintenu l'état de siège dans la province autonome de Bombay et ont renforcé de manière imposante les mesures de sécurité et de contrôle dans la capitale New Delhi. Les responsables de la démocratie parlementaire et république fédérale indienne, doivent à présent affronter les répercussions de cette grande épreuve sur la société multiethnique et multiconfessionnelle que représente l'Inde, surtout que les leaders hindous ont déjà commencé à pointer un doigt accusateur vers leurs concitoyens musulmans, les accusant de complicité avec les islamistes pakistanais. Cette atmosphère de suspicion rappelle tragiquement les affres ayant succédé à la partition de l'ancienne colonie britannique, l'Empire des Indes, au lendemain de l'indépendance. Musulmans, hindous et sikhs se rappellent encore des massacres de 1947, lorsque des trains transportant des centaines de cadavres, traversaient les frontières fraîchement tracées par les anglais, donnant naissance au néo-pakistan, petit frère de l'Inde, considéré par les hindous et sikhs comme l'ennemi intime. 15 millions d'anciens sujets de l'empire britannique s'étaient exilés d'un côté ou de l'autre de l'Inde. Neuf millions entre hindous et sikhs avaient quitté le nouveau Pakistan, alors que 5 millions de musulmans étaient partis s'y réfugier. Aujourd'hui, la communauté musulmane est minoritaire en Inde, elle ne représente que 13% de la population avec ses 160 millions de personnes sur 1,1 milliard d'habitants.