Le président égyptien Hosni Moubarak, dans une déclaration faite à la presse, récemment a émis des doutes sur l'efficacité des observateurs internationaux en Palestine, prenant de la sorte à contrepied une position défendue depuis plusieurs mois par les Palestiniens et soutenue par les Etats arabes. Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir hier en soirée pour examiner la situation difficile prévalant dans les territoires palestiniens occupés. L'un des points de l'ordre du jour, qui doit théoriquement retenir l'attention des intervenants, concerne le principe de l'envoi d'observateurs internationaux ou force d'interposition, dans les territoires palestiniens occupés. C'est ce que réclame, depuis plusieurs mois, l'Autorité autonome palestinienne, laquelle a fait de l'envoi de cette force d'interposition l'axe principal de la défense du processus de paix. «Forts» du soutien actif des Etats arabes, les Palestiniens ont vu, ces dernières semaines, le ralliement, à leur point de vue, d'une partie notable de la communauté internationale - dont l'Union européenne - laquelle, à son tour, estime nécessaire la présence en Palestine d'une force d'observateurs internationaux. Il fallait donc convenir qu'un consensus commençait à se dégager à propos d'une séparation effective des deux belligérants. C'est d'ailleurs ce qui se fait un peu partout où des conflits se déclarent à travers le monde. Mais Israël, soutenu en cela par les Etats-Unis, s'oppose catégoriquement à l'envoi en territoires occupés, d'observateurs internationaux. A la veille de la réunion du Conseil de sécurité (hier), les positions des uns et des autres étaient clairement affirmées. Et il était toujours possible que le Conseil souscrive à la demande arabe et palestinienne. Or l'Egypte, l'un des soutiens constants de la position palestinienne et défenseur de la nécessité de l'envoi d'observateurs dans la région vient, inopinément, d'émettre des doutes sur une telle éventualité rejoignant pour ainsi dire la position américaine et créant ainsi une fissure dans les rangs arabes. C'est le président égyptien, Hosni Moubarak, qui, dans une conférence de presse, a fait état, samedi , de ses doutes «quant à l'efficacité des observateurs dans les territoires occupés». Ainsi, le président égyptien estime que «les observateurs ne pouvaient rien faire sans volonté réelle de mettre fin aux tueries» englobant de la sorte dans cette impossibilité, Palestiniens et Israéliens. M.²nbspMoubarak a encore indiqué: «Je crains de voir les observateurs prendre peur d'être attaqués par les Israéliens et les Palestiniens» alors même que ce sont les Palestiniens qui réclament - en vain -depuis des mois, l'envoi d'observateurs en Palestine. Allant encore plus loin dans ses concessions, - cela sur le dos de la sécurité du peuple palestinien - le président Hosni Moubarak déclare: «Nous avons dit (aux responsables américains), si vous n'êtes pas d'accord sur l'envoi d'observateurs américains, pensez à des observateurs européens.» Certes, M. Moubarak soulignant même qu'il «n'était pas contre l'idée d'observateurs dans les territoires palestiniens». Précaution inutile, puisque Hosni Moubarak, dans son argumentaire, a épousé et développé les positions défendues jusqu'ici par la partie israélienne. Celle-ci s'est d'ailleurs empressée de prendre acte de la nouvelle position égyptienne, exprimée par le président égyptien et par son conseiller Oussama El-Baz qui se trouvait, en début de semaine, à Washington. Dans une déclaration à la presse, le ministre israélien sans portefeuille, Dany Naveh, a ainsi pris acte des doutes exprimés par les Egyptiens indiquant: «Dans le passé, l'Egypte a soutenu l'envoi d'observateurs internationaux, et nous y avons toujours, été hostiles. Il n'y aura pas d'observateurs internationaux sans notre accord.» Précisant sa pensée, Dany Naveh dira: «Nous n'avons pas non plus accepté le principe d'observateurs américains. Nous avons simplement dit «oui» à un contrôle américain de la lutte de Yasser Arafat contre le terrorisme.» Donc la seule chose que les Israéliens veulent bien accepter c'est encore le renforcement de la lutte contre la résistance palestinienne qu'ils persistent à qualifier de «terrorisme». Et, encore une fois, ce sont les Arabes qui reculent face à l'irrédentisme israélien, et c'est d'autant plus regrettable que ce soit le président égyptien qui ouvre la voie à l'hallali en mettant pratiquement sur un même pied d'égalité la résistance palestinienne et la violence militaire israélienne. Par ailleurs, cette prise de position revient à exiger l'arrêt de lIntifadha palestinienne confortant les exigences israéliennes . C'est aussi donner raison au chef de gouvernement israélien Ariel Sharon qui, non content d'avoir réduit à néant toutes les promesses du processus de paix, veut aussi réduire le dossier palestinien à une simple question de police. Il reste maintenant à mesurer les retombées de la nouvelle position égyptienne sur la demande d'envoi d'observateurs internationaux au Proche-Orient. La défection des Egyptiens dans la défense de la demande palestinienne et arabe d'envoi d'une force d'interposition en Palestine, risque d'avoir des effets négatifs sur la décision finale que le Conseil de sécurité est appelé à prendre ou prendra dans la soirée d'hier ou aujourd'hui. Encore une fois, c'est le présumé «chef de file» arabe qui cède au diktat américain ignorant de la sorte les intérêts du peuple palestinien dont la sauvegarde passe impérativement par la prise en compte, par la communauté internationale, des demandes de protection émises par les Palestiniens. La solidarité arabe? Ah! Parlons-en!