Comment les groupes terroristes qui écument la région des Issers et de Sidi Ali Bounab arrivent à se mouvoir dans cet espèce de mouchoir de poche ? « S'il est certain que les forces de sécurité ont, avec le temps et l'expérience acquise sur le terrain, perfectionné les moyens de lutte contre le terrorisme, les terroristes, eux aussi, ont appris les tactiques de la guérilla », répond un ancien élément d'un groupe de légitime défense rencontré sur la route de Sidi Ali Bounab. « Ils se déplacent en petits groupes de trois à quatre éléments, et même de deux, pour ne pas se faire remarquer », ajoutera notre interlocuteur. Mais, pas seulement. Ils changent souvent de cache. Si l'un d'eux tombe entre les mains des services de sécurité, il serait incapable de leur fournir des informations sur le positionnement exact de ses acolytes. D'où d'ailleurs l'impossibilité de remonter jusqu'à la haute hiérarchie de l'organisation terroriste. Autres détails de la manière dont fonctionne l'organisation terroriste : depuis un moment, indique notre source, des repentis signalent l'existence dans la région de Sidi Ali Bounab et des forêts situées entre Thénia et Beni Amrane de deux hôpitaux de campagne souterrains, sans qu'aucun d'entre eux ne puisse situer avec précision le lieu de leur implantation. Pourquoi ? La réalité est que même les terroristes blessés qui ont eu à se soigner dans ces endroits n'arrivent pas à en fournir des informations. Car eux-mêmes ne savent pas où ils ont été conduits pour se faire soigner. Selon des sources crédibles qui citent les aveux de terroristes repentis, ceux qui sont chargés de l'infirmerie de l'organisation terroriste veillent au grain pour assurer une totale discrétion sur ces caches souterraines, en bandant les yeux aux blessés à l'évacuation. Il en est de même à leur sortie. Cependant, l'élément le plus important sur lequel est fondée l'action terroriste reste le renseignement. Que ce soit lors des déplacements des groupes d'un village à un autre, d'une région à une autre ou dans la planification des actions terroristes, l'information, indique un élément de légitime défense forgé à la lutte contre le terrorisme, représente une donnée invariable. C'est grâce au renseignement que tous les groupuscules qui continuent à activer dans cette région de la wilaya de Boumerdès arrivent à échapper aux différents ratissages menés par les forces combinées. Et là, le rôle joué par les réseaux de soutien est presque cardinal. L'organisation terroriste leur doit en grande partie sa survie. « Il est quand même suspect qu'un chômeur qui n'a jamais eu à travailler dans sa vie possède un portable dernier cri et s'habille branché », fait remarquer notre interlocuteur avant de préciser que l'organisation terroriste fait aussi usage de l'argent du racket et de la rançon des enlèvements pour payer ses propres indics, qu'elle recrute dans et les quartiers et villages rongés par la misère et le chômage. Un citoyen ne manquera d'ailleurs pas, avec beaucoup de dérision, de faire la comparaison entre le salaire minable de 11 000 DA d'un patriote, et celui d'un informateur des terroristes qui avoisine les 40 000 DA. « Il n'y a pas photo », dit-il. Notre source indique aussi que depuis la mise à l'écart des patriotes qui connaissent bien les reliefs de ces régions difficiles d'accès, les terroristes y trouvent, en quelque sorte, leur compte.