Des mélodies aux mots émouvants et ensorcelants qui ne laissent personne insensible. Il sont jeunes et méritent tout le bien qu'on dit d'eux. Leurs site: www.vagahh.com. Pour eux, il s'agit de vibrer à l'unisson avec 70% de jeunes de moins de 20 ans en mettant à vif les contrastes de la société. «Chez nous, le hip hop est dans les starting block, telle une nappe phréatique prête à jaillir des magmas terrestres». Les Vagga HH, puisqu'il s'agit de ce groupe, ne sont pas une comédie musicale. Ce groupe de jeunes ont vite compris la société et ont mis en place un mélange de sketchs introduisant des morceaux de musique, avec une note de dérision, devenue le maître mot. Il sont là, à égayer les coeurs de cette jeunesse assoiffée de vivre et pour reconquérir les espaces et les joies perdues. Deux jeunes au départ, Hmitcha et Nabil, vite rejoints par Sad, Amar et Lotfi dit «Cheese» ont compris les vagabonds d'El Harrach, des rappeurs surdoués ayant le même but, à savoir donner au hip hop algérien ses lettres de noblesse. De leur première formation, les Mana en 1995, période pendant laquelle on voit poindre les bases du phil hop, en ce sens, l'écriture des textes traitant des problèmes vécus par les jeunes Algériens dans une démarche philosophique, thèse antihèse, la conclusion restant à l'appréciation de celui qui écoute et entend ... Une période qui correspond aussi à leur début sur les grandes scènes, Vagga HH ont tellement évolué sous l'effet d'influences musicales diverses. Ainsi, la recherche instrumentale est basée sur le terroir traditionnel algérien, associé aux rythmiques et sons d'aujourd'hui. On y croise Kanoune sur mélodie reggae, le mandole sur fond électro... Une particularité à signaler, le chaâbi avec l'incontournable Dahmane El Harrachi, demeure l'influence primordiale du groupe. Pour leur nouveau album, les Vagga HH touchent à certains tabous et mettent en relief la vie quotidienne de l'Algérie. Une vie dans l'ensemble, sous- tendue par une pauvreté des plus dures. Algérien Zenda (Algérien bravoure), une belle mélodie parle de la misère d'un jeune Algérien qui revendique l'honneur, la fierté et l'amour pour l'Algérie, sa terre natale... Autant de tares soulevées par ce groupe et qui raconte cette Algérie. Vagga HH ne mâchent pas ses mots, bien choisis et interprétés sous une musique synonyme de désespoir. Ahmed au pays des merveilles sous-tendu par une musique châabi. Cette chanson très amusante raconte les rêves insensés d'Ahmed d'avoir une belle maison, au garage les plus belles voitures (Ferrari, Porch...) toutes les belles filles à ses pieds tout en fréquentant la jet set. Un beau rêve mais la dure réalité réapparaît quand sa mère le réveille et c'est le dégoût total. La quotidienneté est là. Sahba (l'amitié), cette qualité nous est si chère et qu'on a perdu aujourd'hui à cause de l'esprit mercantile. Vagga HH déplorent cette fuite en avant et chantent cette triste réalité basée sur la trahison, la ruse et le mépris de l'autre. Papish (fric et l'amour) est cette mélodie qui dénonce le manque de fidélité par le moyen de l'argent. Avec le temps, cette jeune fille finit dans la débauche, une réalité qui est malheureusement très courante de nos jours. D'autres tubes marquent cet album. On peut citer par là Populaires, C'est dommage, Wakfin... autant de textes qui nous font penser au désespoir et à la méchanceté du prochain. Enfin, un produit bon à écouter et à méditer. L'avenir s'identifient à eux car beaucoup de jeunes se reflètent en eux. Ils crient et chantent ce que les autres pensent tout bas.