Au-delà de la Journée internationale du 25 novembre qui marque une halte importante pour mobiliser le monde sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes, une campagne se doit d'être menée pour faire en sorte que cette lutte ne s'arrête pas aux simples slogans. S'inscrivant dans cette option de lutte non-stop, le comité des luttes contre les discriminations faites aux femmes de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, a tenu à organiser hier une conférence de presse pour marquer son attachement à la cause de l'égalité des sexes et dénoncer toutes formes de violence à l'égard des femmes. « La violence à l'égard des femmes est parmi les violences les plus tolérées dans le monde », souligne Nadjia Zeghouda, membre dudit comité avec force regrets. Qu'elle soit familiale où émanant de la société, du milieu professionnel, ou des lois, la violence est partout apparente, la femme algérienne fait face à différentes formes de violence, elle est en situation de combat et de lutte perpétuelle pour arracher dans chaque lieu ses droits. Tout en annonçant une campagne de sensibilisation devant durer jusqu'au 10 décembre prochain, Journée mondiale des droits de l'homme, Mme Zeghouda a noté que dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre les violences à l'égard des femmes, « nous sommes en train de faire un canevas pour recueillir toutes les données sur la violence, notamment auprès des centres d'écoute de la gendarmerie, de la police et autres services en charge de ce phénomène ». La conférencière déplore toutefois l'insuffisance des centres d'écoute et d'hébergement pour les femmes victimes de violence, « le centre de SOS femmes en détresse, ou Darna de Rachda où encore le centre de la solidarité nationale à Bou Ismaïl sont loin de contenir toutes les demandes d'aide des victimes. Une femme victime, il faut l'écouter, l'orienter mais aussi l'héberger et la protéger, l'Etat doit donc donner davantage de moyens pour l'ouverture de nouveaux centres », souligne Mme Zeghouda en plaidant aussi pour l'application des lois. « Si les textes de loi prônent l'égalité entre les hommes et les femmes, leur application n'est toutefois pas garantie. La révision de la Constitution vient d'apporter un plus aux femmes, mais dans la réalité elles n'ont pas les mêmes chances que les hommes ni dans l'accession aux postes de responsabilité ni même dans l'acquisition de microcrédits. Nous avons enregistré une non-application de la convention internationale contre la discrimination », affirme Nadjia Zeghouda. Cette dernière préconise que des enquêtes soient menées sur le terrain pour voir le poids de la discrimination flagrante à l'égard des femmes dans le milieu professionnel. « La précarité des contrats de travail rend plus vulnérables les femmes. Le renouvellement du contrat de travail devient un chantage sexuel que le responsable exerce sur la femme employée », indique Mme Zeghouda en plaidant pour la révision de l'article 341 bis du code pénal. « Si ce code est un pas important dans la lutte contre le harcèlement sexuel, il demeure insuffisant. Cet article exige des preuves de l'acte de harcèlement, ce qui est très difficile à prouver puisque généralement cela se passe dans les bureaux. Nous réclamons dans ce cas une exigence de la loi pour la protection des témoins et l'indemnisation des victimes ». Le harcèlement sexuel est une forme de violence sournoise et malicieuse qui fragilise la victime et la laisse seule face à son bourreau. Selon des statistiques du centre d'écoute de l'UGTA, 942 appels et 388 témoignages directs pour harcèlement sexuel ont été enregistrés en 2004, contre 248 appels et 200 témoignages directs en 2005. En 2006, le centre avait enregistré 313 appels et 250 témoignages directs contre 293 appels et 267 témoignages directs en 2007. L'année 2008 qui avait connu une fermeture momentanée du centre a enregistré 64 appels et 27 témoignages directs.