La femme demeure encore cet éternel souffre-douleur de l'homme qui lui attribue tous les maux de la terre. Ni l'entrée dans le 3ème millénaire ni les différentes avancées dans le monde, notamment l'instruction, n'ont réussi à améliorer sa situation. La violence est toujours exercée sur la femme, même par ceux qui déplorent cet état de fait. S'il existe des machistes qui s'en réclament avec fierté, beaucoup d'autres, sous des airs d'hommes modernes et instruits, laissent leur main s'abattre sur la femme tout en s'en cachant. C'est d'ailleurs dans ce contexte, où le phénomène est tout aussi présent qu'avant, que la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard de la femme sera célébrée dans notre pays. Les chiffres en possession de la police judiciaire et des différentes organisations intervenant dans ce domaine montrent une recrudescence au fil des années, même si ces chiffres ne représentent que le nombre de plaintes déposées par les femmes battues. Il ne faut pas oublier que nombreuses sont celles qui, battues, maltraitées ou violées, n'osent pas porter plainte ni ébruiter leur cas. En 2001, près de 5 000 femmes ont été victimes de violence, indiquent des sources officielles qui avancent le même chiffre pour les six premiers mois de l'année en cours. Si pour certaines organisations, les raisons de la recrudescence de la violence sont sociales et économiques, des sources sécuritaires parlent, quant à elles, de causes amplifiées par les longues années de terrorisme et les traumatismes subis suite aux actes terroristes. La lutte contre ce phénomène passe par une politique dans ce sens et c'est dans le but d'endiguer celui-ci que notre pays a mis en place en mai 2007 une stratégie nationale pour protéger la femme contre la violence et pour garantir une meilleure assistance aux enfants. Cette stratégie vise à renforcer les capacités institutionnelles de la tutelle et celles de tous ses partenaires, notamment la société civile. A l'échelle internationale, l'ONU a annoncé en 2007 le lancement d'une campagne destinée à mettre un terme à la violence contre la femme à l'horizon 2015. Cette campagne est basée sur le renforcement des partenariats sur les plans national, régional et international dans le but de soutenir l'action des gouvernements, de la société civile et du secteur privé dans ce sens. Par ailleurs, une étude effectuée à l'échelle mondiale révèle qu'une femme sur trois dans le monde est victime de violence au moins une fois dans sa vie. Elle démontre aussi que la violence est un des principaux facteurs pouvant entraîner un handicap physique ou tout simplement le décès des femmes dont l'âge varie entre 15 et 44 ans. Il en ressort également que les femmes victimes de violences domestiques et de viols sont encore plus nombreuses que celles victimes d'autres fléaux tels que le cancer, la malaria, les accidents de la circulation et les guerres. D'autres actions ont été lancées à l'échelle mondiale, telles que la campagne de l'ONU destinée à faire la lumière sur les situations vécues par les femmes et à améliorer leur quotidien sur tous les plans. Selon sa résolution 48/104 de 1993, qui a recommandé une série de mesures visant à combattre la violence à l'égard des femmes et à éliminer toutes les formes de discrimination à son égard, «la violence à l'égard des femmes constitue une violation des droits de la personne humaine et des libertés fondamentales et traduit des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la domination et à la discrimination exercées par les premiers et freiné la promotion des secondes». Cette même résolution a relevé que la violence à l'égard des femmes exercée dans la famille et dans la société «se répand partout, quels que soient le revenu, la classe sociale et la culture, et que des mesures urgentes et efficaces doivent être prises pour en éliminer les effets». Plus important encore, elle invite les Etats à condamner la violence exercée contre les femmes et à ne pas invoquer de considérations de coutumes, de traditions ou de religion pour se soustraire à l'obligation de l'éliminer. R. M.