Boudjema Samraoui est organisateur de la Conférence internationale sur les zones humides. Après des études à Oxford puis à Havard, il enseigne un temps à Annaba avant de rejoindre l'université de Guelma. Quelques mots sur la conférence. Répond-elle à ce que vous attendiez ? Je suis content des échanges entre scientifiques, de l'enthousiasme des étudiants, des intervenants, je suis très satisfait de la qualité des conférences introductives. Je regrette uniquement qu'il n'y ait pas plus de personnes étrangères. Ce qui compte, c'est que cela ait boosté les étudiants. Aujourd'hui, la jeunesse a besoin de modèle, de repère et quand on a la chance d'en rencontrer, de les côtoyer, comme c'est le cas lors d'une conférence internationale, les résultats ne peuvent être que bénéfiques. Quel est l'état de nos zones humides ? Nous possédons un patrimoine fabuleux, très riche, très diversifié en nombre, en superficie et en variétés. Nous possédons les lacs les plus vastes du Bassin méditerranéen ; pourtant il n'existe pas de haut-commissariat des zones humides comme pour les zones steppiques. Pour beaucoup, c'est une zone infestée de moustiques. Il existe également des problèmes liés à la gestion de ces zones. Par exemple, pour le lac de Boughzoul, on veut en faire un site d'importance internationale alors qu'à côté, pour l'hydraulique, c'est une simple retenue collinaire qui alimente un barrage. La gestion de l'eau pose de graves problèmes et parfois la construction d'un barrage censé apporter des solutions à l'agriculteur ne fait au contraire que lui en créer, même si c'est par ricochet. Je vous donne l'exemple du Chott Hodna. Les cours d'eau qui l'alimentent ont été déviés au profit d'un barrage, construit il est vrai pour alimenter les zones agricoles, mais parallèlement le chott s'assèche, les puits dont disposaient les agriculteurs dans leurs champs ne sont plus exploitables car ils sont pleins de sel. Que pensez-vous du passage de l'autoroute Est-Ouest par la réserve d'El Kala ? On a besoin de cette autoroute et même de plusieurs autoroutes. Mais on a un seul parc et cela mérite qu'on fasse beaucoup d'efforts pour concilier les deux. Le parc national d'El Kala n'a pas de prix. C'est un héritage qu'on doit préserver et transmettre à nos enfants. L'Algérie n'a pas de centre de baguage…. Je voulais créer un centre de formation de baguage. C'est indispensable pour un biologiste. C'est un outil de gestion avec des bases de données, le calcul des services. On suit la dynamique des populations grâce aux bagues posées sur les espèces. La conservation, ce n'est pas le fait de placer un gardien ou une barrière, mais de comprendre comment le processus fonctionne. Il existe deux centres de baguage : l'Afring situé en Afrique du Sud et l'Euring, situé en Europe. Nous ne sommes pas dans leur champ de compétences et c'est pour cela que l'Algérie doit développer son propre centre. Les deux centres étaient prêts à venir assurer l'enseignement, mais il manque la volonté politique.