Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, a établi hier un constat peu reluisant quant aux cas de violences qui prévalent au sein de nos universités. En effet, il n'a pas été tendre avec les organisations estudiantines qu'il accuse d'être à l'origine de la violence qui gangrène les campus. Il a également avancé, en se référant à une étude élaborée par le centre de recherche en déontologie sociale et culturelle (CRDSC) d'Oran, que 27% des étudiants sont victimes de harcèlement sexuel. Pour remédier à ces défaillances, le ministre a procédé hier à l'installation de quatre commissions mixtes composées des membres de son département et des partenaires sociaux. Ces commissions qui devront constituer des canaux de dialogue seront, par ailleurs, chargées de confectionner des rapports sur les régimes indemnitaires, les parcours et l'évolution des carrières professionnelles des enseignants et chercheurs, ainsi que sur l'habitat et la charte universitaire. « Ces commissions vont nous permettre d'avancer sur le terrain et de concrétiser nos revendications. Nous avons demandé l'ouverture d'un dialogue sur le régime indemnitaire et que soit comblé le vide juridique existant en matière de gestion des carrières des enseignants, ainsi que l'instauration d'un code de conduite qui est la charte qui régit l'université », a souligné un représentant du syndicat. Tout en revenant sur les problèmes qui secouent l'université de manière générale, il a mis l'épisode qui a endeuillé le monde universitaire, il y a quelques semaines, à savoir la mort d'un enseignant à Mostaganem tué par l'un de ses étudiants, sur le compte « d'accumulations » ayant mené vers des chemins autres que ceux que devrait emprunter normalement l'université. « Il est temps de mettre de l'ordre dans l'enceinte universitaire. Les gens qui ne respectent pas les lois seront sanctionnés », a menacé le ministre, allusion faite aux organisations estudiantines qui, d'après lui, sèment la zizanie. « Ces dernières sont nées pour appuyer et soutenir les étudiants, mais sur le terrain, c'est l'inverse. Ils menacent presque les étudiants qui ne suivent pas leurs instructions ou leur mot d'ordre de grève. » Quel rôle pour l'Etat dans les universités ? « L'Etat est présent et a pour rôle de protéger les étudiants qui n'appartiennent à aucun clan », a tonné le ministre qui, dans ce sens, prévoit l'adoption, première du genre, d'une charte où la déontologie et l'éducation universitaires seront la colonne vertébrale à même de préserver l'université de toutes formes de violence. Ce code de conduite a pour but, entre autres, d'éviter des comportements qui peuvent porter atteinte à la science et donner une mauvaise image de la relation entre les différentes composantes universitaires. Il a également pour objectif de préserver les campus de toutes formes d'agressions à travers la consécration du strict respect du règlement intérieur et l'obligation de travailler dans l'esprit du pardon en acceptant le débat contradictoire à travers le dialogue entre les universités. « Tous les concernés vont contribuer à la mise en place de cette charte y compris les organisations estudiantines. Nous devons dépasser les difficultés et faire face aux problèmes de tout genre », a proposé le ministre. En outre, pour comprendre et cerner la problématique de la violence dans les campus et mieux préparer la charte, le département de Harraoubia a sollicité le CRDSC d'Oran pour la réalisation d'une étude qui constituera sa plate-forme. L'étude, dont les résultats préliminaires ont été livrés l'été dernier, a couvert des universités, des centres universitaires et des écoles. Elle a pris comme échantillon des enseignants, des administrateurs et des d'étudiants (60%) dont 47,4% poursuivent des études en sciences humaines et en sciences sociales. L'étude a démontré que la violence verbale commise par l'enseignant envers ses étudiants est en première position avec 44,6%, suivie du harcèlement moral (33,2%) et du harcèlement sexuel (27%). Elle a également démontré que 66% des étudiants considèrent qu'ils sont respectés par leurs enseignants contre 26% qui disent subir l'indifférence ou le mépris (6%), alors que 2% d'entre eux disent être victimes de violences et de brutalités. S'agissant du harcèlement sexuel au sein de l'université que l'on reconnaît comme un fait avéré, le ministre envisage d'entreprendre des actions, une fois l'étude finalisée. « La charte - comprendre des textes de lois - obligera les enseignants et les organisations estudiantines de rendre des comptes. La charte déterminera avec exactitude les prérogatives des uns et des autres », a martelé M. Harraoubia.