La loi « littoral » (décret 02-02 du 5 février 2002), la création récente du Commissariat national du littoral (CNL) et bien d'autres mesures antérieures encore n'arrivent toujours pas à endiguer les mauvaises habitudes ; elle devrait, par l'usage, faire perdre pour protéger le littoral de notre pays. Une bande de moins de 50 km de large, représentant 1,9% de la superficie du pays, où sont concentrés 45% de la population avec 350 habitants/km2 et 75% des unités industrielles du pays. Le littoral de la wilaya d'El Tarf était considéré jusque-là comme l'un des joyaux de la côte parce qu'il a échappé, jusqu'ici, à la furie dévastatrice des régions comme Béjaïa, Alger ou Oran. Entre la plage du Mordjane (de l'usine autrefois) et la digue du port, se trouve la Pointe du Chacal à El Kala-ville. Une petite terre sur laquelle trône l'hôtel El Manar, des bungalows et des villas transformées en pensions. Beaucoup d'entre elles n'ont pas lieu d'être au regard de la réglementation, et ceci, en fait, bien avant la promulgation de la loi de 2002 qui devait mettre un terme final à l'anarchie qui régnait jusque-là. En ce moment même, une construction est en cours à l'extrémité de cette pointe, au-delà de l'hôtel, et qu'on croyait avoir oubliée, donc épargnée. Une construction qui suscite des remous dans les coulisses des administrations concernées où la fuite devant les responsabilités fait place à une frilosité paralysante. Ce terrain a été vendu en 1994 dans le cadre des cessions de RFC (réserves foncières communales) par un ancien président de l'APC à lui même. Il sera revendu, en 2002, à une tierce personne qui ne s'est toujours pas fait connaître, mais qui est représentée par un voisin. Le plus extraordinaire, c'est qu'en 2005, soit 3 ans après la loi littoral, l'on établit un lotissement pour régulariser tout ce petit monde où l'on intègrera cette parcelle restée en l'état pendant 14 ans. La direction de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat, après avoir été informée par un autre voisin, a saisi le président de l'APC pour lui signifier le caractère illégal du permis de construire qui a été délivré en janvier 2008. Cependant, le maire nous dira :« C'est sur l'existence du permis de lotir de la DUCH que j'ai autorisé les travaux, après les avoir stoppés. Le citoyen en question est dans son droit ». Situation classique qui mine le pays dans tous les domaines : la loi interdit, mais celui qui l'enfreint est dans sondroit et les responsabilités sont diluées. La voie est ainsi ouverte à tous les tripotages. Et les droits du littoral, bien commun, qui va s'en charger ? Les gardes-côtes que nous avons contactés en leur qualité de protecteurs du littoral nous ont informés qu'ils ont soumis le problème au wali d'El Tarf. L'on notera que c'est une fois de plus le fait des pouvoirs publics comme cela a été le cas lors de l'ouverture en 2006, et en dépit de la loi promulguée, d'une route littorale de 17 km et, tenez-vous bien, avec la caution et le financement à hauteur de 130 millions de dinars du ministère de l'Environnement.