Hunger (colère), film dramatique du Britannique Steve McQueen, sorti en salle il y a tout juste une semaine en Europe, évoque la terrible lutte d'environ 75 grévistes de Belfast, en Irlande du Nord pour la reconnaissance de leurs droits politiques. Paris : De notre bureau C'était en plein régime de fer de Mme Tacher, qui n'aimait pas du tout plaisanter avec les membres de l'IRA. Dur, choquant, violent, le film relate le calvaire vécu par Bobby Sands et ses compagnons de lutte de l'Irish Republic Army (IRA) dans la quartier H de la redoutable prison de Maze, en Irlande du Nord, en 1981. Torture en tout genre, scènes intensément dures, coups meurtriers portés par les gardiens de prison à l'ensemble des détenus qui vivaient reclus dans leurs sales et immondes cellules de quelques mètres carrés, tous les moyens étaient bons pour briser les grévistes qui décident de ne plus se laver, se nourrir, se raser et de ne pas porter l'uniforme de détenus tant qu'ils n'ont pas bénéficié du statut de prisonniers politiques par le gouvernement britannique. Tourné sous forme d'un documentaire, caméra à l'épaule, Hunger montre la violence du régime thatchérien qui n'a jamais voulu céder devant les revendication des grévistes, portées aussi par tout un peuple qui demandait l'indépendance par rapport à l'Angleterre. Le long métrage montre la violence avec laquelle les gardiens de prison de Maze traitaient leurs prisonniers. Ils sont aussi aidés dans leur sale besogne par des policiers anti-émeutes qui faisaient régulièrement irruption dans les couloirs de la mort pour tabasser à coups de bâton et de barres de fer les détenus rebelles. C'est l'histoire réelle de Bobby Sands, un militant de l'IRA, qui est mise en exergue à travers ce film. Militant convaincu pour l'indépendance de son pays, il n'a jamais cessé de lutter pour cet objectif, y compris à l'intérieur même de la prison où il a été traité comme un vulgaire terroriste. Apres avoir expérimenté tous les moyens de lutte (grève du lavage, de sortie…) il décide, en dernier recours, d'entamer une grève de la faim illimitée qui dure 66 jours. Après quoi, il meurt dans sa cellule. Son poids ne dépassait pas 25 kilos. Sa mort jette l'émoi dans toute l'Irlande du Nord, notamment dans les milieux indépendantistes qui ont reproché à Margaret Thatcher d'avoir laissé pourrir la situation. Pour se venger, les membres de l'IRA ont exécuté certains gardiens de prison et quelques responsables de la police, accusés de torture et de violence à l'égard des détenus. Récompensé par la Caméra d'or au dernier festival de Cannes, le film Hunger a rouvert les plaies d'une période anglaise triste et violente. En choisissant une telle histoire, Steve McQueen (il faut faire la différence avec l'acteur américain), confirme son choix de travailler sur le réel. « C'est la réalité qui m'invite à prendre la caméra, elle me stimule, m'apporte les idées. C'est un processus créatif, organique », a-t-il expliqué dans une un magazine de cinéma britannique. En 2003, il est nommé « artiste de guerre officiel ». Il se rend ensuite en Irak pour filmer les visages des soldats britanniques. Six jours passés sur le terrain lui suffisent pour réaliser une série de planches de timbres représentant les visages des soldats anglais morts sur le champ de bataille, avec le profil de la reine d'Angleterre. La Royal Mail (poste britannique) n'a pas encore donné son accord pour une éventuelle commercialisation de ces timbres.