Le directeur général d'Echourouk El Youmi, Ali Fodhil, est revenu sur les circonstances de son interpellation récemment à Londres par les services de sécurité britanniques. Dans un entretien qu'il a accordé dimanche dernier à notre confrère Djazaïr News, Ali Fodhil révèle que les services secrets britanniques lui ont carrément proposé de travailler pour eux. Revenant sur son arrestation à la gare de Londres, où il a subi un interrogatoire de près de deux heures mené par des agents britanniques, Ali Fodhil a indiqué que la personne qui l'a interrogé lui a carrément proposé de « collaborer pour diversifier les sources d'informations ». « Et que je transmette à ses services les informations que détient le journal », a-t-il ajouté. L'agent lui aurait dit qu'« il est important que des telles informations soient transmises à nos services ». M. Ali Fodhil ajoutera : « Face à mon étonnement, il a rétorqué que cela pourrait se faire dans le cadre des échanges d'informations. » Et au directeur général d'Echourouk de préciser : « Je lui ai répondu que nous ne sommes pas un organisme officiel et que les services britanniques ont des relations avec les autorités algériennes. » Il se dit, par ailleurs, convaincu que l'interrogatoire que lui ont fait subir les agents de sa majesté était dûment préparé et ficelé. « Lorsque l'agent m'a posé des questions concernant le quotidien que je dirige et sur le secret de son succès, je me suis rendu compte que l'interrogatoire était bel et bien préparé à l'avance et que les questions n'étaient pas du tout fortuites », a-t-il avancé. « il voulait connaître nos sources » Il a également affirmé que l'agent qui l'a interrogé était bien préparé dans la mesure où il se référait à chaque fois à des dossiers amenés avec lui. Concernant le journal qu'il dirige, l'agent lui aurait notamment dit : « tu diriges un grand journal », avant de l'interroger sur le secret du succès du quotidien Echourouk. Ali Fodhil s'est dit « surpris » lorsque l'agent s'est mis à lui poser des questions en rapport avec le fonctionnement interne de son journal. Au point où, a-t-il encore révélé, « il a tenté de connaître les sources d'information dont dispose Echourouk ». Question à laquelle il a refusé de répondre, car n'importe quel journal dans le monde dispose de ses propres sources. Mais cela n'a pas empêché l'agent d'insister, lui disant que « le journal détient des informations variées ». Ce à quoi le directeur a opposé un refus catégorique en rappelant à l'agent que « les journalistes algériens ont un code de l'information qui les protège ». Tout en l'interrogeant par ailleurs sur les groupes islamistes armés, l'agent britannique a, selon M. Fodhil, parlé « du caractère varié des sources d'Echourouk, particulièrement celles concernant les questions sécuritaires ». Le même agent aurait également demandé si Echourouk avait des relations avec les dirigeants des organisations terroristes et quelles étaient les perspectives qui se présentent aux groupes islamistes. Et à Ali Fodhil de lui répondre : « Vous me posez de telles questions alors que les chefs commanditaires se trouvent sur votre sol. » Et d'ajouter : « Le journal que je dirige a perdu quatre journalistes assassinés par des terroristes. Vous ne pouvez pas nous donner des leçons à ce sujet. » M. Fodhil a indiqué que les services secrets britanniques l'ont également interrogé sur l'affaire Kadhafi, demandant notamment pourquoi les autorités algériennes avaient permis au président libyen de poursuivre en justice Echourouk. « Je lui ai répondu que la justice algérienne est indépendante. » A signaler que les représentants de l'ambassade britannique à Alger sont restés à ce jour muets sur cette affaire.