Sans prévenir, artistes, cinéastes, écrivains, producteurs, journalistes algériens se sont « branchés » sur Dubai à l'occasion du 5e Festival du film. Dubai : De notre envoyé spécial Dans la banlieue ultra chic de Madinat Jumeirah, quartier général du cinéma, on a mis à la même table (ronde) Yasmina Khadra et... Harry Belafonte, un duo inimaginable avec d'autres participants : Haile Gerima (Ethiopie), Deepa Mehta (cinéaste, New Delhi), Cameron Baily (directeur du festival de Toronto) pour un panel intitulé The Cultural Bridge, et comment explorer les moyens de casser les barrières entre les cultures du monde. Vaste programme. Le festival de Dubai, par ailleurs, rend hommage à Rachid Bouchareb, et la toute première image qu'on a vu sur les écrans de Dubai est celle des jeunes appelés algériens du service militaire filmés dans Cheb. Chaque matin en regardant les affiches, on tombe sur les titres de films algériens Le Lion de l'Algérie, Mascarades, Adhan, La Chine est encore loin, très beau poème cinématographique tourné du côté de Rouffi dans les Aurès par Malek Bensmail. Ajoutons à cela la présence au festival et le spectacle d'une très rare beauté offert à la cérémonie d'ouverture : celle du célèbre cirque Boskettari créé par l'artiste algérien Miloud Oukhil à Bucarest, qui a fait le tour du monde.Un âge d'or (dziri) sur les rives du Golfe persique ? Jeudi soir, dans la salle comble Madinat Arena, Oliver Stone a présenté son dernier film : W (sur Bush et la clique de la Maison-Blanche). On sentait une grande excitation dans la salle, rapport au sujet brûlant, d'autant plus que lors de la conférence de presse, dans l'après-midi, le cinéaste américain avait dressé un tableau noir des dirigeants actuels de son pays. Le film était entre documentaire et fiction. Ce n'est pas le travail de journaliste comme Michael Moore sur le même sujet. Mais Oliver Stone ne vend pas cher la peau de Bush, il en fait un portrait terrifiant, tout comme ses proches collaborateurs Dick Cheney, Condoleezza Rice et Colin Powell. Le film reprend quelques archives de télévision (bombardement de Baghdad, discours de Powell à l'ONU avec les mensonges qu'on sait déjà). Mais la partie fiction domine. A coup de gros plans, de panos rapides, l'histoire de la famille Bush et ses liens avec les affairistes du Texas parfois sordides, l'ascension de W, alors que tout laissait penser qu'il allait suivre un chemin quasiment voyou, buveur, joueur, violent : tout cela fait partie d'un récit porté par des acteurs extrêmement ressemblants comme Josh Brolin qui joue Bush. On dirait qu'Oliver Stone a mis un tigre dans sa caméra. Il appelle un chat un chat et Bush un esprit très simpliste. Il enfonce même le clou en faisant jouer des scènes insupportables ; on imagine pour un américain ordinaire quand on voit Bush caler totalement durant une conférence de presse ou quand il s'étrangle et tombe à terre en avalant des chips coincées dans la gorge. Ce jour-là, l'Amérique a failli perdre son Président à cause d'une chips...