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Sens et enjeux
La crise Financière mondiale
Publié dans El Watan le 14 - 12 - 2008

« Les apories de la politique ne sont le plus souvent que le manque de lucidité et de courage des hommes. »
Simone Goyard-Fabre
L'objet de cet article est de proposer une réflexion sur le sens de la crise financière internationale et les enjeux sur l'économie algérienne. Cette contribution a été encouragée par les propos d'hommes politiques qui semblent être une succession d'apories qui avaient en commun de trahir leur « vertige au milieu de ces obscurités ».
L'objet de cet article est de proposer une réflexion sur le sens de la crise financière internationale et les enjeux sur l'économie algérienne. Cette contribution a été encouragée par les propos d'hommes politiques qui semblent être une succession d'apories qui avaient en commun de trahir leur « vertige au milieu de ces obscurités ». Pour mieux situer l'état de la pratique financière internationale, nous aborderons en premier lieu ce qui semble être à l'origine de cette crise, à savoir le subprime. Mis en avant, ce thème nous offre le cadrage de l'espace de fonctionnement des économies libérales. Wikipedia nous offre une définition assez concise et complète du mot subprime, que nous reproduisons in extenso : « Au sens le plus large, un subprime (subprime loan ou subprime mortgage en anglais) est un crédit à risque, offert à un emprunteur qui n'offre pas les garanties suffisantes pour bénéficier du taux d'intérêt le plus avantageux (prime rate). Le terme est employé particulièrement pour désigner une forme de crédit hypothécaire (mortgage) ; apparue aux Etats-Unis et destinée aux emprunteurs à risque. Ce crédit immobilier est gagé sur le logement de l'emprunteur. » On retient de cette définition que le crédit est consenti à des ménages américains aux revenus modestes pour l'achat d'un logement.
En cas d'incapacité de faire face aux remboursements, le bien immobilier gagé est mis en vente. A fin 2007, l'encours de crédit immobilier subprime aux USA avait atteint le chiffre de 1300 milliards de dollars. Sur ce montant, moins de 15% peuvent être considérés comme irrécouvrables, suivant les indications du Center For Responsible Lending, soit un montant qui avoisine 200 milliards de dollars (1). Mais alors, comment se fait-il qu'une somme aussi « dérisoire », causée par des ménages humbles, puisse créer un séisme aussi impressionnant ? Lors de la réunion du G20 à Sao Paolo, le président brésilien Lula da Silva avait comparé le système financier international à un château de cartes dont l'effondrement était la conséquence de « jeux d'argent irresponsables ». Cette appréciation nous semble refléter correctement l'état des lieux d'un système caractérisé par la dissolution de la confiance. Les prêts immobiliers aux USA datent de plus de 50 ans, quand les trailers (maisons mobiles) ont commencé à se multiplier. Un encadrement juridique a été mis en place, notamment la Community Reinvestment Act (CRA) qui vise à promouvoir l'accès au crédit sans discrimination de revenus. Un arsenal juridique et organique adossé à des appuis financiers a été mis en place, dont les principales modifications datent de 1997. Parmi ces appuis, on peut citer le maintien par la FED de taux d'intérêts bas qui encourage l'endettement, la pression exercée sur Fannie Mae par l'administration Clinton de couvrir les défaillances de remboursement des prêts consentis aux revenus modérés. Ces dispositions, qui visent à promouvoir l'offre de crédit, sont intervenues à un moment où les outils de couverture de risque étaient en plein essor. Il s'agit en particulier du marché des produits dérivés que tout le monde considérait alors comme une réponse magique au besoin d'assurance. Hors ces outils, censés offrir une protection contre les risques liés aux variations des taux change, de fluctuation des prix et d'autres incertitudes du marché, se mutaient en source de profit. Alors qu'à l'origine, le produit dérive d'un produit sous-jacent (underlying) comme le pétrole par exemple, il s'était mis à prendre ses libertés, en se détachant du produit physique pour constituer un produit de transaction générateur de profit. Le marché cherchant toujours une ultime protection, les transactions s'éloigneront d'autant de la réalité économique.
Les banques dont le rôle principal est l'intermédiation financière se sont graduellement transformées en traders, créant ainsi un marché théorique qui a bouleversé le mode de fonctionnement du marché physique. Les salles de marché des banques sont devenues des espaces d'échange sans aucune consistance physique quant aux produits échangés. Le premier séisme est intervenu avec la crise asiatique (2), puis la mise en faillite d'Enron qui avait entraîné dans son sillage la disparition d'Arthur Andersen, l'un des plus grands cabinets d'audit composant alors les « big five ». Pendant que les juges statuaient sur « l'immoralité menant à la grandeur » (3) dont se sont rendus coupables les dirigeants de ces firmes, le monde des affaires avait estimé qu'il s'agit-là d'un simple incident de parcours. La singularité de l'économie américaine est liée à son aspect locomotif du reste du monde, se traduisant par le conformisme des autres sociétés au Léviathan économique. Pays de l'innovation et de l'audace, celui du plan Marshall et du dollar, la chute du mur de Berlin a établi définitivement sa suprématie économique. Cette unicité de fonctionnement, appelée mondialisation, a créé un sentiment collectif de sécurité. Les règles prudentielles en matière de contrepartie pour les dérivés où des réserves pour les créances douteuses ont tout simplement été revues à la baisse quand elles n'ont pas été carrément occultées. Par ailleurs, les normes prudentielles régissant l'exercice de l'activité bancaire ne s'appliquent pas aux fonds de pension, aux fonds d'investissement et aux entreprises du private equity. Les banques, qui ont perçu tout l'intérêt de mettre à contribution ces gisements d'argent, se sont mises à la titrisation de leurs créances afin de réduire leur exposition aux risques. Si la technique de titrisation n'est pas nouvelle – elle est apparue aux USA dans les années 1970 – son utilisation a connu de graves dérives qui s'apparentent tout simplement à de la dissimulation. Succinctement, par la technique de titrisation, une banque cède un paquet de créances qu'elle détient afin de réduire son volume d'engagement et par conséquent augmenter sa capacité d'octroi de nouveaux crédits. Comme les créances ne sont pas identifiées individuellement, des pratiques peu amènes sont en fait un moyen pour la banque de se débarrasser des créances irrécouvrables, sans que l'acheteur ne puisse connaître la solvabilité du débiteur. Résultat des courses : la banque contourne le ratio cook de solvabilité et consent plus de crédit qu'elle ne le peut, tout en intoxiquant le marché par des actifs non encaissables. Cela ne serait pas grave si leurs fonds propres étaient énormes. La réalité est que les banques, quotidiennement, se prêtent de l'argent. La faillite de Lehman Brothers est typique d'un système où une institution aussi ancienne et remarquable fait faillite parce qu'elle ne trouve plus à emprunter, même à un jour, ce dont elle a besoin pour rembourser ses emprunts précédents. Il y a eu un jour où la méfiance est devenue telle que tout s'est emballé... vers le désastre (4). Quand on voit la dégringolade des banques en Bourse, c'est bien que le marché imagine qu'elles ont encore en portefeuille des monceaux énormes de produits douteux, qui sont autant des bombes à retardement.
En résumé, cette crise a montré les limites de la « financiarisation » de l'économie, usant de pratiques incompatibles avec les fondamentaux de l'économie réelle. Les Mortgage Brokers (courtiers en prêts immobiliers) en amont et les fonds de pension en aval, en dissimulant des situations défavorables, ont porté un sévère coût à la crédibilité des acteurs qui agissent sur le marché. L'économie réelle devra donc faire face à des ressources qui seront chères et globalement limitées, à un ralentissement de la croissance, à une augmentation du chômage et in fine à une plus grande détresse sociale. L'injection de capitaux par les pouvoirs publics profitera aux grands groupes disposant d'actifs solides et d'une productivité élevée. L'augmentation des dettes publiques qui s'ensuit provoquera à terme la mise en œuvre de politiques restrictives qui affecteront les couches les plus vulnérables des sociétés développées et accroîtront la pauvreté de façon générale. La restauration de la confiance passe nécessairement par une moralisation des pratiques, la transparence des outils et le renforcement du contrôle du système financier. Comment se décline cette problématique dans le cas de l'Algérie ? Tous les analystes qui ont eu à se pencher sur l'Algérie avaient noté le besoin de différenciation des politiques qui ont jalonné notre histoire depuis l'indépendance et ce par rapport à la pratique universelle. Notre « spécificité » a fait que le modèle algérien n'est pas cohérent avec le système économique majoritairement appliqué. La grille d'analyse de la crise financière internationale est difficilement extrapolable à l'Algérie. En effet, l'Algérie ne dispose pas d'un système financier performant fonctionnant suivant les standards des banques internationales, comme elle ne dispose pas d'une industrie compétitive, opérant dans le cadre de la division internationale du travail. Il n'y a pas non plus de statistiques fiables et d'organismes d'évaluation et de prévision pouvant offrir une image fidèle de la santé économique et financière. La mise en faillite du système socialiste ne s'est pas traduite uniquement par la liquidation des entreprises publiques, mais a également entraîné la perte de tout un système de remontée de l'information économique qui permettait d'alimenter les statistiques nationales.
L'activité économique en Algérie est essentiellement commerciale, empruntant des circuits informels qui, dans l'état actuel, ne sont ni contrôlés ni régulés. La structure de l'économie algérienne fait penser à la structure histologique des éponges dont le système d'alimentation ne demande pas de structure complexe.(5) Le seul point d'entrée de la crise en Algérie est la baisse du prix du pétrole, encore qu'à ce niveau on n'a jamais su le seuil minimum qui annule le taux de croissance. Les seuls repères actuels sont le volume des investissements consacré à la relance économique, les importations qui ont tendance à suivre le même trend que celui du prix du pétrole et le service de la dette dont le remboursement anticipé montre une facette trompeuse de la richesse du pays. (6) Par ailleurs, le prix de référence servant à l'élaboration du budget de l'Etat n'a pas grande signification en l'absence d'une loi de règlement qui puisse situer le niveau exact des dépenses publiques et leur affectation. Cette situation fait écrire à un journaliste que « le gouvernement (est) en panne de solutions techniques face à la crise financière internationale ». Cette panne nous semble moins être la conséquence d'une indigence intellectuelle que d'absence de structures pour les recevoir. Notre conviction est que notre pays, comme un autre, se doit d'atteindre un degré convenable d'harmonie et de cohérence avec la pratique internationale. La spécificité est l'expression de notre incapacité à s'adapter et à s'approprier les concepts reconnus universellement. En voulant fabriquer une société sans similitudes, on a construit un espace sans partage, indifférent aux évolutions alentour et aux suggestions des autres.
Notes de renvoi
1- Citant une source de Natixis, Le Monde du 11 octobre 2008 avance le chiffre de 300 milliards de dollars de défaut de paiement (« Du krach boursier à l'économie réelle, les mécanismes de la contagion »). Le site du Center For Responsible Lending :
http://www.responsiblelending.org/
2- Le G20 a été créé consécutivement à cette crise. La crise actuelle montre qu'il a failli à sa mission.
3 - « Ce qu'il faut craindre, ce n'est pas tant la vue de l'immoralité des grands que celle de l'immoralité menant à la grandeur ». Alexis de Tocqueville, La Démocratie en Amérique.
4- Il y a aussi un autre phénomène. Beaucoup d'investisseurs (on ne sait jamais au juste ce qui se cache derrière cette appellation), qui plaçaient leurs liquidités dans des banques, se sont détournés de celles-ci pour acheter directement des titres d'Etat, émis par les Trésors des grands pays. C'était de leur part une méfiance vis-à-vis des banques qui a contribué à assécher les ressources de celles-ci et donc à restreindre le marché interbancaire.
5- Dans son rapport 2008/2009, le World Economic Forum classe l'Algérie 132e en termes de complexité des structures économiques et financières, loin derrière la Tunisie classée 40e.
6- Le montant des transferts de l'année 2008 au titre des dividendes équivaut à deux années de services de la dette au plus fort moment de notre endettement. La majeure partie de ces dividendes résulte de l'exploitation des hydrocarbures et de l'activité des banques étrangères installées en Algérie qui ne font que les importations.


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