Cette fois, c'est vraiment la toute dernière visite de George W. Bush. C'est une visite d'adieu qu'il effectue en Irak et en Afghanistan, et cela s'est plutôt mal passé pour lui dans le premier pays, où il a failli recevoir à la figure les deux chaussures d'un journaliste irakien. Dur de finir ainsi, et de semer la colère sur son passage, lui qui avait reconnu qu'il n'était pas préparé pour la guerre, reconnu à quel point la guerre en Irak était injuste, et qu'il n'avait aucune raison de la lancer, en déclarant qu'il avait été trompé par les services de renseignement de son pays. Ceci est très contestable puisqu'il en est qui disaient le contraire et qui n'ont jamais été écoutés. Après l'Irak, le président américain est arrivé, hier, en Afghanistan pour une visite surprise au cours de laquelle il a rencontré le président Hamid Karzaï et confirmé le soutien américain. Signalons tout de même, et cela est révélateur de la situation prévalant en Afghanistan, que Air Force One, l'avion du président américain, s'est posé sur la base aérienne de Bagram. Le président a été accueilli par le général David McKiernan, le commandant des forces internationales en Afghanistan. M. Bush venait d'Irak, où il a rendu une visite d'adieu aux dirigeants irakiens, cinq semaines avant son départ de la Maison-Blanche, où lui succédera le démocrate Barack Obama. M. Bush a également indiqué que Washington et le Pakistan travaillaient de concert pour mettre un terme aux attaques en Afghanistan menées à partir du Pakistan. A ce sujet, il a rendu hommage au président pakistanais, Asif Ali Zardari, « déterminé » à apporter son aide. Les violences des insurgés afghans, parmi lesquels les taliban, chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les Etats-Unis, ont redoublé d'intensité depuis deux ans, malgré la présence de près de 70 000 soldats étrangers. En Irak, M. Bush a tiré un bilan plutôt optimiste de la situation : « La guerre n'est pas finie, mais avec la conclusion des accords (de sécurité entre l'Irak et les Etats-Unis), le courage du peuple et des soldats irakiens, des militaires et du personnel civil américains, nous sommes résolument sur la voie de la victoire », a-t-il dit après la signature symbolique, avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, d'un accord de sécurité. Mais de quelle victoire peut-il s'agir, celle des Américains, ou bien alors celle des Irakiens ? Et avant même le changement à la Maison-Blanche, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a mis en garde les adversaires des Etats-Unis contre toute tentation de tester le président élu, Barack Obama. Le secrétaire à la Défense, qui conservera son poste dans la prochaine administration, a indiqué que la région du Golfe, riche en pétrole, resterait l'une des principales préoccupations des Etats-Unis. « Je transmets de la part du président élu, Obama, un message de continuité et d'engagement à nos amis et partenaires de la région », a-t-il dit. « Quiconque penserait que les mois à venir pourraient offrir l'occasion de mettre à l'épreuve la nouvelle administration aurait gravement tort. Le président élu et son équipe, moi compris, serons prêts à défendre les intérêts des Etats-Unis, de nos amis et alliés, dès le moment où il assumera ses fonctions le 20 janvier », a-t-il dit. Mais il a souligné, avant même cette visite d'adieu de George Bush, qu'il restait préoccupé par la stabilité de l'Irak. En ce sens, des unités de combat de l'armée américaine auront quitté les villes d'Irak en juin 2009 comme convenu avec Baghdad, mais des militaires y resteront pour conseiller et entraîner l'armée irakienne, a déclaré le chef de la coalition, le général Raymond Odierno. Selon lui, l'accord de sécurité signé entre Washington et Baghdad, qui fixe le cadre du retrait total des quelque 146 000 soldats américains d'ici fin 2011, stipule que les « unités de combat » seulement doivent avoir quitté les villes d'ici fin juin 2009. « Un long combat » Robert Gates a ainsi prévenu qu'il faut s'attendre à « un long combat » en Afghanistan, où il a promis d'envoyer au total quelque 12 000 hommes d'ici l'été. « Je crois qu'il y a une obligation pour un engagement durable et pour une période assez longue. Combien d'années, combien de soldats, personne ne le sait encore », a-t-il déclaré à la presse à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan. « Il s'agit d'un long combat et il durera tant que nous n'aurons pas été victorieux aux côtés du peuple afghan », a-t-il ajouté. Robert Gates s'exprimait après un entretien avec le général David McKiernan et les généraux britannique et néerlandais, dont les contingents sont déployés dans le sud du pays. Le général McKiernan a affirmé, pour sa part, qu'il faudrait encore trois à quatre ans pour amener les forces de sécurité afghanes au point où elles auront moins besoin des soldats étrangers. Ceux-ci sont aujourd'hui 70 000, dont une moitié sont des Américains. En attendant, et pour faire face à une insurrection qui gagne du terrain, le général avait demandé l'envoi en renfort de quatre brigades américaines et de divers éléments de soutien, pour un total de près de 20 000 hommes. Il a souligné le consensus autour de l'accélération de la formation de l'armée afghane : « C'est leur pays, leur combat, leur avenir. » Un discours nouveau, tant il se disait depuis 2001, tout à fait autre chose. C'est cette fameuse guerre contre le terrorisme décrétée par Bush au lendemain des attentats du 11 septembre.