Qu'elle semble lointaine, la canicule du Ramadhan ! Si l'on se souvient de septembre pour ses températures estivales des pics de 43°C à Alger, Béjaïa ou Annaba, on n'oubliera pas de sitôt le froid de novembre et, surtout, de ces dix premiers jours de décembre… qui confirment la tendance globale : 2008 aura été la plus fraîche des dix dernières années. « Les températures sont, quasiment dans tout le pays, inférieures aux normales saisonnières, relève Djamel Boucherf, climatologue à l'Office national de la météo. C'est-à-dire inférieures à la valeur la plus probable calculée sur trente ans. » C'est le Sud qui enregistre les baisses de températures les plus fortes avec, sur les dix premiers jours de décembre, 5,4°C de moins que la température normale à In Aménas, -4,2°C à In Salah ou -3,4°C à Bord Badji Mokhtar. Ceci dit, la vague de froid touche tout le pays, de Médéa (-3,1°C) à Khenchela (-2,3°C) en passant par Alger (-1,8°C). En cause : la niña, un phénomène climatique qui contribue à rafraîchir les eaux de surface de l'est du Pacifique, entraînant une diminution de la température moyenne de la terre. « Mais le plus impressionnant, ce sont les pluies agressives qui touchent l'Algérie depuis le début de l'automne, souligne Djamel Boucherf. Il faut remonter à 1952 ou 1994 pour retrouver des anomalies similaires. En particulier dans l'Ouest et le Sud-Ouest. » Les fortes averses sur les régions steppiques et le nord du Sahara les derniers jours de septembre (106 mm à Béjaïa, 62 mm à Oran, 39 mm à Bouira…) ont notamment entraîné des crues exceptionnelles, causant plus de quarante morts à Ghardaïa et une dizaine d'autres à Tébessa, Ouargla, Djelfa, Tlemcen et Mascara. « En octobre, c'est au tour des régions du littoral et du Sud-Ouest de connaître des pluies torrentielles responsables d'inondations à Béchar, Naâma et Aïn Sefra, le déluge s'acharnant sur l'Ouest, où Aïn Sefra a reçu douze fois sa quantité de pluies d'un mois de novembre normal, Ghazaouet en a reçu sept fois plus et Tlemcen quatre fois plus ! », note le climatologue. Pas de répit à l'Ouest, puisque les précipitations exceptionnelles de novembre ont causé des inondations dans plusieurs localités et d'importants dégâts aux récoltes et au cheptel, à Mostaganem ou à Oran. En 24 heures, 64 mm de pluies sont tombés à Ghazaouet, 35 à Béni Saf et 31 à Miliana. « Plusieurs oueds ont débordé de leur lit causant des inondations de chaussées, détruisant des maisons qui les longeaient. Des routes ont été sévèrement endommagées tandis que des centaines d'hectares de champs ont été submergés, rappelle-t-il. Deux personnes sont décédées à Oran et quatre marins pêcheurs ont disparu au large de la baie d'Arzew. » Et ce n'est pas fini : les modèles climatiques internationaux prédisent que l'hiver (jusqu'à février) dans le bassin méditerranéen et en Afrique du Nord sera très humide.