« Durant les deux dernières années, la wilaya de Sétif a enregistré 16 766 cas d'abus sexuel dont les victimes sont des mineurs. Depuis janvier 2008, elles sont officiellement 800 victimes d'abus sexuel. Ils seraient plus de 2000 cas à n'avoir pas fait l'objet de dépôt de plainte. Alors qu'à Annaba, trois cas sont enregistrés hebdomadairement. » Ces chiffres effarants ont été dévoilés par des médecins légistes en marge de la deuxième édition des Journées nationales de médecine légale tenues du 16 au 18 décembre à la faculté de médecine de Annaba. Agées de 3 à 15 ans, ces victimes sont psychologiquement traumatisées, dont les corollaires demeurent une plaie béante tout au long de la vie, d'où l'idée de la création d'une cellule d'écoute a germé à travers ces journées initiées par le service de la médecine légale du CHU Ibn Rochd avec la collaboration de la faculté de médecine, de la direction de la santé et de la population, du conseil régional de déontologie médicale ainsi que de la cour de justice de la wilaya de Annaba. L'objectif assigné à cette cellule, qui sera animée par des pédopsychiatres et psychologues, est de lever le voile sur ce phénomène tabou dans la société algérienne. Sa généralisation à travers le pays dépendra de l'impact positif dont seules les victimes jaugeront. La multitude de recommandations établie par les participants a porté sur la nécessité de doter les services de la médecine légale en équipements à même de permettre de mieux situer les graves atteintes portées aux victimes et d'identifier leurs bourreaux. Ils est également recommandé le renforcement de la législation, tant au niveau préventif qu'au niveau répressif car, selon eux, ce phénomène qui a connu une évolution fulgurante durant la décennie noire ne cesse d'aller crescendo en l'absence de toute prise en charge institutionnelle et associative.