Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, est arrivé hier à Alger pour une visite de travail. Celle-ci sera consacrée à la préparation de la deuxième rencontre de haut niveau entre Abdelaziz Bouteflika et José Luis Rodriguez Zapatero, prévue de se tenir à Madrid durant le premier trimestre de l'année en cours. La première rencontre du genre s'était déroulée, rappelle-t-on, en novembre 2003 dans la capitale algérienne. Il s'agissait, donc, pour les deux ministres des Affaires étrangères, de faire le point sur l'état de la coopération algéro-espagnole et de mettre à profit l'« excellence » des relations caractérisant les deux pays pour prospecter de nouveaux domaines susceptibles de faire l'objet d'une collaboration étroite. Miguel Angel Moratinos, qui est à son quatrième voyage en Algérie depuis sa désignation en mars dernier à la tête de la diplomatie espagnole, a plaidé, à ce propos, à son arrivée à l'aéroport Houari Boumediène, pour le renforcement de « la coopération tous azimuts » établie par les deux pays dans différents domaines. Abdelaziz Belkhadem a révélé, de son côté, que ses entretiens avec son homologue espagnol porteront sur le développement de la coopération bilatérale, notamment dans son volet se rapportant aux questions judiciaires. Engagées dans la lutte contre le terrorisme, les narcotrafiquants et l'immigration clandestine, l'Algérie et l'Espagne gagneraient en effet à coordonner leurs actions afin de mieux faire face à ces fléaux. Dans ces cas-là, l'utilité de conventions d'extradition n'est plus à prouver. Exportable et ayant fait ses preuves, l'expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme pourrait aussi s'avérer utile à l'Espagne, qui est devenue ces dernières années un pays particulièrement ciblé par le terrorisme international. Le gouvernement espagnol a d'ailleurs déjà repris à son compte l'idée d'une conférence internationale sur le terrorisme lancée par l'Algérie il y a plusieurs années. L'Espagne compte en effet organiser une initiative allant dans ce sens au mois de mars prochain à Madrid. En retour, l'expertise de la justice espagnole pourrait être mise à profit par les juristes actuellement mobilisés par le gouvernement pour réformer l'appareil judiciaire algérien. Le gaz et le marché algériens Au-delà du programme officiel inscrit à l'ordre de cette visite, Abdelaziz Belkhadem et Miguel Angel Moratinos disposent également d'un large éventail de « sujets d'intérêt commun » pouvant intégrer leurs entretiens. Connaissant l'intérêt marqué des Espagnols pour les entreprises publiques algériennes proposées à la privatisation, il n'est pas dit que M. Moratinos ne cherchera pas à connaître les évolutions connues par ce dossier pour en faire bénéficier les industriels de son pays. Cela d'autant que son gouvernement a déjà conclu avec l'Algérie un accord de conversion de la dette. Par ailleurs, l'Algérie et l'Espagne - qui sont liées depuis 2002 par un traité d'amitié - ont également signé, durant cette même année, un protocole financier de 100 millions d'euros destiné à accompagner les projets des PME-PMI. Aussi, des sources n'excluent pas l'éventualité de la conclusion entre Alger et Madrid d'un nouvel accord financier épousant le modèle de celui signé l'été dernier entre Abdelatif Benachenhou et Nicolas Sarkozy. Devenue un objet d'une grande fixation en Europe, l'impressionnante enveloppe allouée par le gouvernement à la relance économique (50 milliards de dollars sur cinq ans) devrait également persuader M. Moratinos de tenter d'obtenir de nouveaux marchés, en plus des importants projets gaziers que les entreprises espagnoles sont déjà chargées de réaliser. Dépendante entièrement de l'Algérie en matière d'énergie, l'Espagne garde ainsi toutes ses chances pour garantir une place de choix à ses entreprises sur le marché algérien. Un élément important y plaide en tout cas : le climat politique entre les capitales des deux pays qui s'était quelque peu assombri à cause de la nouvelle position prônée par l'Espagne concernant le conflit du Sahara-Occidental - ayant accompagné l'arrivée de José Luis Zapatero au pouvoir - s'est considérablement assaini. Le recentrage progressif opéré par le Président du gouvernement espagnol sur la question sahraouie ces six derniers mois a permis, en effet, de restaurer la confiance qui prévalait entre les deux pays du temps de José Maria Aznar. Outre le passage en revue des questions bilatérales, les entretiens algéro-espagnols porteront aussi sur la préparation du sommet de la Ligue des Etats arabes qui se tiendra en mars prochain à Alger. L'intérêt du gouvernement espagnol pour le rendez-vous algérien de l'organisation panarabe est justifié, explique-t-on, par le fait que Madrid est « l'initiateur d'un dialogue entre les cultures ». A mentionner que M. Moratinos a été reçu hier par le président Bouteflika après son entretien avec son homologue algérien. Le chef de la diplomatie espagnole devait également avoir des entretiens avec le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, dans le cadre de la préparation de la prochaine visite en Algérie du président du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, prévue au cours du premier trimestre de l'année en cours.