Les prix des fruits et légumes ont atteint les cimes. Même les produits de saison n'y échappent pas. L'orange et la mandarine affichent 100 à 120 DA le kilo sur les étals de certains marchés de la capitale, à l'image du marché Clauzel (Alger-Centre). Ces deux fruits sont cédés pourtant à 55 et/ou 60 DA sur les marchés de gros, soit une hausse de 100%, avons-nous appris hier auprès des adhérents de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Difficile pour les ménages algériens de consommer équilibré et de faire le plein de vitamine C avec une telle mercuriale. Toujours au même marché Clauzel, la pomme de terre et la carotte affichent 50 DA, en pleine saison de production. La courgette flambe encore (100 DA) et la laitue continue à se maintenir au-dessus des 100 DA également. Même fourchette des prix dans d'autres marchés de la capitale, à l'instar de Meissonnier et Ali Mellah (1er Mai). Sur ces deux points de vente, les étiquettes ne diffèrent pas trop de celles exposées à Clauzel. Au marché du 1er Mai, la pomme de terre est cédée entre 40 et 50 DA. Un prix ne reflétant pas l'abondance constatée, confirmée même par le ministère de l'Agriculture, il y a de cela quelques jours seulement. Des oranges bien calibrées sont proposées à 100 DA le kilo à Meissonnier. Les fèves sont cédées à 60 DA le kilo à Clauzel et un peu plus sur la place de Ali Mellah. La laitue, dont le prix ne descend pas sous la barre des 100 DA, est en passe de devenir un produit de luxe. Quant aux légumes hors saison, ceux-ci grimpent sans cesse du fait de la baisse de la production. La tomate, à titre indicatif, est proposée à 120 DA et plus, parfois de piètre qualité. Fruit de l'été par excellence, la tomate subit un surenchérissement qui dépasse parfois les 20 DA d'un marché à un autre. Cédée à 120 DA le kilo à Meissonnier et à Ali Mellah, la tomate affiche jusqu'à 140 DA sur certains étals du marché Clauzel. Le piment et le poivron, deux autres légumes hors saison, ont atteint les 180 DA le kilo sur la plupart des points de vente. Les intervenants se renvoient la balle Lors d'un point de presse organisé hier dans les locaux de l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA), l'organisation a tenté tant bien que mal de justifier la flambée inexpliquée de la mercuriale. Bordji Boualem, représentant des commerçants de gros au marché des Eucalyptus, a laissé entendre que les prix obéissent inévitablement au principe de l'offre et de la demande. Il a avancé la flambée des prix des engrais, des produits phytosanitaires et des emballages, combinée à la réapparition de certaines maladies, tel le mildiou qui menace la pomme de terre. Lui emboîtant le pas, Farid Touami, intermédiaire et ex-directeur du marché de gros de Htatba, est venu soutenir, en premier lieu, le fait que les marchés sont arrimés au rythme de l'offre et de la demande. Et de faire comprendre, ensuite, que la mercuriale est fixée par l'administration au niveau des marchés de gros. D'après M. Touami, l'absence d'un réseau de distribution et le manque de coordination entre les ministères en charge du dossier, à savoir le département du Commerce et celui de l'Agriculture, « sont aussi à l'origine de cette anarchie ». D'après M. Touami, excepté les produits hors saison, les autres fruits et légumes « ne doivent pas être cédés à ces prix, affichés parfois à 100% de hausse par rapport à ceux pratiqués sur les marchés de gros ». Si l'on tient compte de ses explications, les détaillants échappent carrément aux lois du marché et dictent leur loi. Abdenour Zaber, vice-président de l'UGCAA, a proposé hier de créer un office des fruits et légumes « aux fins de mieux réguler le marché ». L'offre semble être prise au sérieux par les commerçants et « une commission s'affaire déjà à présenter un dossier dans ce sens aux instances concernées », a-t-on indiqué.