La grande fraude financière de 50 milliards de dollars commise par le courtier Robert Madoff a fini par dévoiler la grande faille du système financier américain et de son système de régulation censé protéger les investisseurs institutionnels ou particuliers contre la fraude. Selon des déclarations des responsables des organismes financiers victimes de la fraude, le profil de l'homme d'affaires américain était irréprochable. Il avait les garanties des principales institutions américaines chargées de la réglementation et de la régulation. De plus, le personnage, à 70 ans, était au-dessus de tout soupçon vu son parcours et sa notoriété dans le monde de la finance. La dernière victime en date du courtier Rober Madoff s'est manifestée mercredi par un communiqué. Il s'agit de la Fondation Elie Wesel pour l'humanité. Dans un communiqué diffusé mercredi, la Fondation a annoncé : « Nous vous écrivons pour vous informer que la Fondation Elie Wiesel pour l'humanité avait 15,2 millions de dollars en gestion dans la société d'investissement de Bernard Madoff. Cela représente la quasi-totalité des avoirs de la Fondation ». Mardi, le monde de la finance a appris avec stupeur le suicide, à New York, de l'homme d'affaires français Thierry de La Villehuchet (65 ans), cofondateur du gestionnaire de fonds Access International. Access International gérait près de 2 milliards d'euros d'actifs pour le compte de clients européens et 1,5 milliard d'euros de cette somme étaient investis auprès de la société de Bernard Madoff à travers le fonds Luxalpha déposé chez la banque suisse UBS. Le financier n'est pas la première victime de la crise financière. La crise des subprimes a été la cause de beaucoup de suicides chez les citoyens américains qui ont été ruinés et expulsés de leurs maisons. Mais ces suicides n'ont pas été médiatisés. Plusieurs banques européennes ont subi la fraude et il ne se passe pas un jour sans que l'on découvre une nouvelle victime. Parmi les célébrités qui ont été victimes de la crise financière, il y a les princes des pays du Golfe et les « oligarques » russes. Selon l'agence Bloomberg, les 25 Russes les plus riches ont perdu environ 185 milliards d'euros. Selon le quotidien russe Izvestia, les 6 plus grandes fortunes russes ont perdu à elles seules près de 111 milliards de dollars depuis le début de la crise. Selon un magazine d'affaires arabe, les 50 hommes d'affaires arabes les plus riches ont perdu environ 25 milliards de dollars. Le prince Al Walid Ibn Talal aurait perdu à lui seul 4 milliards de dollars. Si au début de la crise il y a eu un débat sur le système de régulation des marchés financiers, l'affaire Robert Madoff est venue prouver sans aucun doute qu'il y a une grande faille. Et cette faille ne peut s'expliquer que par la présence de passerelles entre les spéculateurs et les fonctionnaires chargés du contrôle. Lors de la désignation de la nouvelle directrice de la Securities and Exchange Commission, le président élu Obama avait déclaré : « Nous nous sommes endormis au volant » en promettant que la réforme de la régulation sera l'une des priorités de son administration. En réalité et les faits le prouvent, la régulation a été totalement absente dans beaucoup de situations et la fraude est devenue une sorte de règle sur le marché financier. Le rôle de l'administration s'est caractérisé par un laisser-faire qui s'apparente à une grande complicité en faveur des gestionnaires des fonds. C'est la seule explication pour des fraudes de cette ampleur et par une faillite qui a mis à genoux le système financier.