Un processus qui a gagné en intensité depuis l'avènement de M.Abdelaziz Bouteflika aux commandes du pays. Une délégation de 65 Français juifs et chrétiens d'origine algérienne séjournent depuis vendredi dans la capitale des Hammadites. Ce séjour de 48h, s'inscrit, selon les initiateurs, dans le cadre du rapprochement entre les peuples des deux rives de la Méditerranée et a été préparé par la fondation France-Maghreb, présidée par M.Henri Papolardo et la municipalité de Béjaïa dirigée par le maire Rachid Chabati. Cette visite, première du genre, se veut un pas de plus dans le processus de réconciliation entre la France et l'Algérie. Un processus qui a gagné en intensité depuis l'avènement de M.Abdelaziz Bouteflika aux commandes du pays. Accueillie par les responsables de la commune de Béjaïa, la délégation qui comprend également de nombreux journalistes et des hommes d'affaires s'est directement rendue aux cimetières chrétien et juif situés sur les hauteurs de la ville de Béjaïa pour se recueillir sur les tombes de leurs parents et proches. Le maire de Béjaïa, qui n'a pas quitté la délégation depuis son arrivée, soulignait hier que les hôtes de Béjaïa «sont sur leur terre natale là où sont enterrés les leurs», avant de poursuivre que «toutes les conditions ont été réunies pour leur assurer un séjour agréable mais aussi des déplacements dans de bonnes conditions». «Nous sommes contents de leur présence parmi nous ici à Béjaïa», concluait-il. Un moment fort pour beaucoup de membres de la délégation qui ont quitté cette terre au lendemain de l'indépendance. D'abord parce qu'ils retrouvent une terre sur laquelle ont vécu leurs parents et qui les a vus naître ensuite ils se recueillent pour certains d'entre eux pour la première fois depuis 47 ans sur les tombes de leurs proches. «Je suis ému et heureux d'être sur cette terre» déclarait, hier après-midi, un membre de la délégation qui venait juste de terminer de se recueillir sur la tombe de son père au cimetière chrétien de Oued Ghir. L'émotion était telle qu'il y eut même des larmes. Et comment pouvait-il en être autrement lorsqu'on sait combien était longue l'attente de ce jour comme a tenu à témoigner un autre: «Ce jour je l'attendais depuis des années. Il est arrivé et c'est l'essentiel, j'en suis heureux.» Désormais, un tabou est cassé, pensait-on en général. Cette visite ouvre la voie à d'autres comme le soulignait clairement hier M.Henri Papolardo, président de la fondation France-Maghreb, «d'autres villes seront visitées dès que les conditions seront réunies car nos parents reposent un peu partout en Algérie». Concernant le choix de Béjaïa pour ce premier pas, le président de la fondation explique que celle-ci «s'y prête le mieux», entendre par là les commodités et la disponibilité des responsables locaux. Une disponibilité que traduisent clairement les propos du maire de Béjaïa «cette visite a été préparée sérieusement avec la partie française pour permettre à ces gens de se recueillir dans la dignité sur les tombes de leurs parents». Au programme de la journée d'hier, la visite d'autres cimetières se trouvant à Béjaïa, notamment celui de Oued Ghir. Parallèlement, un autre groupe composé d'hommes d'affaires et de journalistes a visité les sites touristiques de Béjaïa. Cap Carbon, les Aiguades sont autant de haltes pour les hôtes de Béjaïa qui ont noté la beauté des sites mais aussi les opportunités d'investissement dans la région. A ce titre et sur bien d'autres sujets liés à l'entretien des cimetières chrétiens et juifs et le rapatriement des restes des corps qui y sont enterrés, une réunion de travail devait regrouper les membres de la délégation et les responsables locaux à l'hôtel Royal. Après quoi un couscous sera offert à l'honneur de la délégation au même endroit marquant ainsi la fin d'une visite qui n'est pas sans conforter l'élan de réconciliation en marche entre les deux Etats et les deux peuples.
