La violence dans les stades a éclaboussé d'une aura inquiétante l'année 2008, alors que le football algérien ne produit plus de spectacle, ne donne plus ce plaisir des années 1980, et plus grave est classé à la 64e place mondiale, loin derrière le Nigeria, le Maroc ou la Tunisie. Elle fait peur, elle suscite les pires inquiétudes, elle est devenue l'ennemi public numéro 1 : la violence dans les stades frappe de plein fouet le football algérien. Depuis le mois de septembre dernier, un supporter est mort et plusieurs blessés ont été enregistrés après un match de football opposant, dans le championnat de division 2, l'USM Bel Abbès et l'OM Arzew. A Oran, à la fin de la saison 2007-2008, le phénomène avait débordé des stades pour prendre des allures de catastrophe nationale : la rétrogradation du club local, le MCO, a été marquée par des manifestations, des heurts avec les forces de l'ordre et des pillages en règle de magasins d'enseignes internationales. Entre 1980 et 2008, 18 personnes sont mortes dans les stades algériens, dont treize au stade du 20 Août en 1980 (NAHD-MCA), lors de l'affaissement de la toiture du stade sur les supporters, trois lors du match MCO-USMA en 1995 à Oran, et deux en 2008 lors des matchs MCA-USMB et OMA-USMBA. Le nombre de blessés dépasse la centaine. Réel, ce phénomène préoccupe autant les pouvoirs publics que la société civile. Le gouvernement, selon Ahmed Ouyahia, compte s'attaquer à ce mal et l'éradiquer, avec « un examen approfondi du sport de compétition, en collaboration avec le mouvement sportif, pour l'assainir et pour en éloigner la violence ». Il faut agir et vite pour éradiquer le mal Selon le président de l'association Ouled El Houma, A. Bergui, ex-arbitre, « il faut songer en urgence à une stratégie commune (FAF, LNF, journalistes sportifs, pouvoirs publics), car le mal est très profond, la situation est très préoccupante, cela risque de dépasser le cadre sportif ». La violence dans les stades, qui a pris en 2008 les contours dangereux d'un phénomène sociétal, c'est également un grand gâchis économique : plusieurs centaines de millions de dinars de dégâts, des enceintes sportives détruites, des dizaines de voitures incendiées, détruites, des administrations publiques, des commerces et des biens privés saccagés et pillés au détour d'une fin de match houleuse. Le mal est profond, les solutions doivent être radicales, selon le ministère de la Jeunesse et des Sports qui veut s'attaquer au phénomène en 2009, en mettant en place des comités de supporters et en lançant des campagnes nationales de sensibilisation contre la violence dans les stades. Certains estiment nécessaire de faire appel aux anciennes figures du football national pour apporter leur contribution et véhiculer les vertus du fair-play. Bref, les solutions existent, manque l'application.