Le cataclysme qui s'est abattu sur plusieurs pays de l'Asie du Sud a suscité à Jijel des évocations nourries des faits qu'ont eu à relater les grands et arrière-grand-parents au sujet du tremblement de terre suivi du raz-de-marée de 1856. On ne trouve pas une personne à Jijel qui n'a pas eu connaissance de cet effroyable tremblement de terre à la suite duquel la ville, telle qu'on la connaît aujourd'hui, a été construite hors des remparts de la ville millénaire. Les historiens relatent que dans la nuit du 21 au 22 août 1856, un tremblement de terre suivi d'un raz-de-marée ont complètement détruit cette cité, vieille de vingt siècles qui se trouvait dans la citadelle actuellement transformée en base navale. Dans Histoire de Djidjelli, Aimé Retout relate ces deux journées de frayeur : « Le jeudi 21 août vers 10 h du soir, une violente secousse ébranla le sol ; la tour génoise, la mosquée et plusieurs maisons s'écroulèrent. La mer se retira à une grande distance et revint immédiatement couvrir la plage et les jardins qui la bordaient (...) Le lendemain 22 août, l'anxiété commençait à se calmer (...) quand vers midi, une seconde secousse bien plus violente que celle de la veille au soir et beaucoup plus prolongée, vint compléter le désastre ; la mer envahit de nouveau le rivage renversant tout sur son passage (...) Cinq indigènes périrent ensevelis sous les décombres de leurs maisons ; un certain nombre d'autres reçurent des blessures et des contusions. » Les analyses faites par des spécialistes, lit-on sur le Net, ont conduit ces derniers à localiser une zone épicentrale située en mer à quelques kilomètres au nord de la ville. Quant au « tsunami modéré », il aurait été « généré par un courant de turpidité similaire à celui déclenché par le séisme d'Orléansville du 9 septembre 1954 ». Dans l'exposé des raisons ayant conduit le gouvernement algérien à créer le Centre national de recherche en génie parasismique (CGS) par le décret 85/71 du 13 avril 1985, après le séisme du 10 octobre 1980 d'El Asnam, le tremblement de terre de 1856 est répertorié avec une magnitude de 7. En dépit de ce premier avertissement historique, il est regrettable de constater que certaines zones « basses », comme celle de Rabta, connaissent aujourd'hui une urbanisation effrénée. Sur le littoral, par exemple à Sidi Abdelaziz, ce sont les dunes fossiles faisant rempart qui ont été complètement rasées. L'extraction immodérée du sable a généré ces dernières années lors des tempêtes, des phénomènes sur le littoral jamais vus auparavant.