Le dernier découpage territorial décidé par le ministère du Commerce pourrait mettre un terme à cette situation d'engrainage mal huilé de la direction régionale du commerce de Annaba (DRCA). Avec un minimum d'effectif et un nombre très infime de véhicules de services indispensables pour l'accomplissement de ses missions, il était utopique de demander à cette structure d'être efficace dans le contrôle et le suivi des 111 482 commerçants inscrits au registre du commerce. La DRCA ne pouvait avoir la partie belle face à des commerçants implantés à Annaba, Guelma, El Tarf, Souk Ahras, Oum El Bouaghi, Tébessa et Skikda qu'elle avait en charge de couvrir jusqu'au 30 novembre 2004. Un seul agent devait s'assurer de la légalité de la pratique commerciale de 1081 commerçants sur l'étendue territoriale de 212 communes, cela relevait d'une mission impossible. C'est pourquoi les 23 010 interventions, effectuées jusqu'au 30 novembre 2004 sur l'ensemble de ces wilayas, relèvent du miracle. D'autant que les moyens de transport du service mis à la disposition des 113 agents sont pour la plupart dans un état de ferraille. Pour ces fonctionnaires, se rendre d'une commune à une autre est synonyme de gageure. Le découpage tel que conçu par le ministère de tutelle apportera-t-il un allègement des contraintes ? Est-il conforme à la réalité du terrain vécue par les contrôleurs au contact de ces 111 482 commerçants dont 53% de détaillants, 24% de prestataires de service, 6% de grossistes et 17% de producteurs de biens ? « Tant que le problème des moyens de travail ne sera pas pris en charge, notre mission ne sera rien d'autre qu'un saupoudrage. Ce n'est pas avec 16 véhicules pour 103 agents chargés de couvrir un immense territoire composé de sept wilayas, que l'on peut prétendre faire mieux que ces 8037 infractions relevées de janvier à novembre 2004. Il est impératif que la politique de contrôle des activités commerciales dans notre pays soit totalement revue aux plans législatif, juridique et opérationnel. Durant toutes ces années, nous n'avons fait que bricoler avec les petits commerçants alors que les gros sont rarement inquiétés », a répondu un des inspecteurs de la direction du commerce de la wilaya de Annaba. Les facteurs de blocage ainsi énoncés, expliqueraient le maigre taux des 21% de couverture (interventions/commerçants inscrits au RC) enregistré durant la même période. Malgré ces contraintes et les difficultés auxquelles ils avaient été confrontés, les contrôleurs se disent satisfaits de ce qu'ils ont réalisé. Satisfaits, même si, ont-ils précisé, il leur était souvent arrivé de se retrouver confronter à des oppositions au contrôle et que leur intégrité physique ait été menacée. Il faut dire que sur les 23 010 interventions enregistrées, les contrôleurs avaient fait face à 21% des commerçants récalcitrants. « Avec les maigres moyens dont nous disposons, chaque agent a été rentable à 52% des objectifs qui lui sont annuellement assignés », a ajouté notre interlocuteur. Si « autres activités » représentent avec 36% le plus fort taux des activités contrôlées, l'alimentation générale reste le secteur le plus ciblé par le contrôle avec 18% suivi de l'habillement et de la chaussure 14% et de la restauration avec 11%. Le taux des 3% de commerce d'articles de ménage et électroménagers contrôlés est un autre révélateur de l'incapacité des structures de contrôle à maîtriser cet important aspect du commerce, sinon le plus important avec une totale absence de facturation. Ce n'est pas pour autant que le moral des effectifs s'en trouve atteint. Avec le rétrécissement depuis ce dimanche 2 janvier 2005 de leur territoire d'intervention limité à un pré carré de 5 wilayas (Annaba, Skikda, Souk Ahras, Guelma et El Tarf ), les contrôleurs de Annaba se disent prêts à être plus efficaces. Comme seule condition à une plus grande efficacité, il revendique un peu plus de véhicules de service qui pourraient leur permettre d'intervenir partout et à n'importe quelle heure, y compris la nuit.