La lutte contre le marché informel pourrait être engagée à court terme dans les wilayas de Annaba, de Guelma, de Tébessa, de Skikda, de Souk Ahras, de Khenchela, d'Oum El Bouaghi et d'El Tarf sous la compétence territoriale de la direction régionale du commerce (DRC) de Annaba. C'est sur la base des résultats des deux études lancées sur avis de presse, le 12 octobre dernier par le ministère du Commerce que les moyens de cette lutte seront déterminés. Des opérations de recensement des différents marchés informels ont été réalisées. Elles ont ciblé les marchés des fruits et légumes, la friperie, les voitures, la pièce de rechange, l'électronique, l'électroménager. Selon plusieurs agents de l'institution, les mouvements opérés par les éléments de la DRC de Annaba chargés du recensement seraient à l'origine, durant le Ramadhan, de la fermeture de la majorité des commerces opérant sans facture. Au 30 septembre 2004, ces éléments ont recensé 62 marchés informels dont 29 hebdomadaires sur l'ensemble des régions sous contrôle de la DRC de Annaba. Avec respectivement 19 et 16 marchés de ce type, Khenchela et Skikda se placent en tête de liste des wilayas les plus prolixes dans le domaine du commerce illicite. A Annaba, les commerces où l'intérêt général prime sur le mercantilisme sont rares, y compris en matière de marchés informels. Celui hebdomadaire du 19 Mai communément appelé Marché des voitures est le plus important. Il surclasse celui des fruits et légumes du marché d'intérêt commun d'El Bouni et celui des effets vestimentaires et autres produits au 19 Juin. En ce vaste parking du stade du 19 Mai où se rencontrent, chaque vendredi, des milliers de vendeurs et d'acheteurs de véhicules et objets tous genres y compris l'ameublement, la literie, les cosmétiques, les médicaments..., des centaines de millions de dinars changent de main sans que le Trésor public gagne le moindre centime. Ce commerce, comme beaucoup d'autres, n'obéit à aucune règle si ce n'est celle de l'offre et de la demande. Toute tentative de contrôle par la direction du commerce entraîne systématiquement des réactions des cercles d'influence dans des coulisses proches des plus hautes institutions de l'Etat. « Au début de l'année 2004, nous avons tenté d'accomplir notre mission de contrôle sur le marché hebdomadaire du 19 Mai. Mal nous en a pris, car nous avons failli être étripés par des énergumènes qui apparemment étaient très bien couverts. Notre demande d'intervention auprès des services de sécurité est restée sans suite. Ce qui nous a découragés », a indiqué un des inspecteurs de la DRC. Cette déclaration pourrait expliquer la fin de non-recevoir appliquée aux décisions, propositions de solutions ou aux conclusions d'études de la Commission de wilayas de l'urbanisme et organisation des activités non sédentaires (CWUOAS). Cette dernière avait tenu 192 réunions du 1er janvier 1997 au 30 septembre 2004 dans les différentes régions, sous sa compétence, dont 57 pour la seule wilaya de Annaba.Ses membres avaient émis un grand nombre de suggestions pour l'éradication du marché informel ou, du moins, sa maîtrise. L'identification des personnes intervenant dans le commerce informel, la révision du système fiscal pour une éventuelle étude de réduction des impôts, lamise en place d'un système déclaratif, faciliter l'octroi de prêt pour l'acquisition de véhicule au profit des agents de contrôle, réhabilitation de l'utilisation du chèque bancaire, imposer aux commissaires aux comptes le rejet des factures non conformes... ont été, entre autres, les propositions avancées par les membres de cette commission apparemment impuissante face aux acteurs des marchés informels sur l'ensemble des régions de l'est du pays.