Avec un taux de 47% de raccordement au gaz de ville, Souk Ahras est classée, d'après les responsables de Sonelgaz, parmi les wilayas les mieux loties à l'échelle nationale. « Un programme d'envergure est déjà en cours et nous comptons atteindre toutes les autres communes restantes, notamment celles de H'nencha, Terreguelt, Khemissa, Ouillen, Aïn Zana et Ouled Driss », a déclaré Mohamed Lamine Tiah, un cadre chargé de la cellule de communication au niveau de la société précitée. Si cet optimisme est partagé par les habitants des grandes agglomérations, les citoyens des mechtas enclavées vivent au rythme des perturbations des livraisons du gaz butane, et subissent, malgré eux, les spéculations et les prix prohibitifs pratiqués au vu et au su de tout le monde par les commerçants de fortune ayant pignon sur rue depuis le mois d'octobre. Plusieurs citoyens, vivant dans des hameaux enclavés de la wilaya de Souk Ahras, trouvent des difficultés énormes à s'approvisionner en gaz butane. A Dekhla, à Rezgoune et à Ouled Bechiah, dans la commune de Mechroha, des familles demeurent privées de chauffage à cause de l'éloignement des points de vente et le relief accidenté de la région qui rend difficile le passage des véhicules. Le prix de la bouteille oscille, dans ces mechtas, entre 220 et 280 DA. Sidi Fredj, l'une des communes les plus pauvres du pays, les habitants de Koudiet El Aâssa, El M'daouer, Fidh Ezzeder et autres bourgs de la ligne frontalière se rabattent sur le bois ou le charbon pour résister au froid glacial qui persiste depuis plus d'une semaine. Avec les frais de déplacement depuis Merahna et les autres agglomérations, les prix deviennent inaccessibles pour les dizaines de familles qui vivent dans le dénuement. Ce produit indispensable y est majoré à 350 DA. C'est un citoyen d'El Madjen qui en parle avec dépit : « Je dois m'approvisionner en gaz butane deux fois par semaine. Faites l'addition et vous allez vous rendre compte des dépenses mensuelles que cela représente. » Et un autre de renchérir : « Ajoutez à cela les pérégrinations vers et depuis les communes limitrophes en période de perturbations dans l'approvisionnement. » Les commerçants ambulants de Ouled Driss et de Aïn Zana, où il a déjà neigé à deux reprises, ont trouvé une aubaine : de vieilles carcasses de poêles à mazout sont retapées et proposées à la vente à des prix exorbitants au marché hebdomadaire. Un trabendiste de Souk Ahras nous dira à ce sujet : « Il m'est arrivé de vendre un poêle à mazout au prix d'un chauffage neuf à un client de Aïn Zana. » A Aïn Tolba, village distant d'environ 7 km de la daïra de Sédrata, les citoyens ont carrément bloqué la route, la deuxième semaine du mois écoulé, pour protester contre l'isolement, le manque de moyens de transport et les ruptures fréquentes en approvisionnement en gaz butane.