La présence d'observateurs étrangers à une élection est le gage qu'un pays va sortir d'une période de transition. Les observateurs étrangers ont pour rôle d'être témoins du passage d'un pays d'une situation « difficile » vers une nouvelle ère démocratique via une élection censée être ouverte et plurielle. Depuis 1995, l'Algérie ne cesse d'organiser des scrutins en conviant des observateurs étrangers à venir témoigner de la crédibilité des élections. Force est de constater que le pouvoir tombe dans son propre piège, puisque avec le fait d'appeler la présence d'observateurs étrangers, il prouve que sa crédibilité est entamée et que le pays demeure l'otage du remake incessant d'une élection de sortie de transition, et ce, même si les rapports des observateurs lui sont favorables. Depuis donc la fameuse élection présidentielle de 1995, qui a élu Liamine Zeroual président de la République, dans un contexte sécuritaire des plus difficiles et devant les voix qui s'élevaient de l'opposition pour dénoncer le verrouillage du jeu politique, les représentants d'organismes comme la Ligue arabe, l'Union africaine, les Nations unies et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont défilé sur le sol algérien munis d'une mission de surveillance des élections. Est-ce que cela a évité la fraude ? Que nenni. Il s'agissait de témoins impuissants venus pour certains, passer quelques jours en Algérie et pour d'autres tenter de comprendre un pays qui a intronisé la fraude comme seul moyen de gagner les voix des électeurs. Une centaine d'observateurs pour 40 000 bureaux de vote Pour l'élection présidentielle du 16 novembre 1995, les observateurs de la Ligue arabe, de l'UA et de l'ONU n'ont rien trouvé à redire sur le déroulement des élections malgré les critiques émises par l'opposition. Le choix des observateurs est décrié. L'élection a été qualifiée de libre et ses « résultats plausibles, vu le nombre limité de candidats », à savoir Zeroual, Mahfoud Nahnah, Saïd Sadi et Noureddine Boukrouh. Rien d'étonnant puisque la Ligue arabe et l'Union africaine ne sont pas des institutions connues pour leur dénonciation des pratiques antidémocratiques des régimes arabes et africains. Ce sont pourtant ces mêmes organismes qui sont invités à chaque fois pour crédibiliser les élections. La présence des représentants de l'ONU et de l'UE n'est pas toujours assurée et si c'est le cas, ce serait avec un nombre très réduit. Après la consultation de 1995, le choix du peuple a été testé pour les élections législatives de 1997 où la fraude avait été orchestrée à grande échelle au point où un parti nouvellement constitué, le RND en l'occurrence, s'est trouvé projeté première force politique du pays. Sous l'œil d'une centaine observateurs nationaux et internationaux, la fraude n'a pas trouvé de limites. Les observateurs étrangers ont dénoncé, comme le sénateur belge Jan Loones, que tous les partis n'ont pas eu accès aux médias en remarquant que le parti du RND a été fortement favorisé. Vingt ans après l'élection présidentielle de 1999, où le retrait spectaculaire de six candidats à la veille du scrutin, en laissant le candidat du pouvoir, Abdelaziz Bouteflika, seul dans un scrutin rappelant le plébiscite du temps du parti unique, a ôté à cette élection toute crédibilité. La présence d'observateurs étrangers n'avait que peu de valeur. L'autre élection présidentielle, qui a attiré en nombre des observateurs étrangers, était celle du 8 avril 2004. Pas moins de 120 observateurs étrangers ont été invités à surveiller l'élection présidentielle à raison de 60 observateurs pour la Ligue arabe, 55 pour l'UA et seulement 5 pour le Parlement européen. L'ONU avait décliné l'invitation de l'Algérie. Le choix du nombre de ces institutions traduit la volonté des autorités algériennes d'éviter les voix discordantes. Outre les organismes représentés, le nombre en lui-même est décrié, car ne pouvant couvrir les 42 000 bureaux de vote répartis sur le territoire national. En définitive, ces observateurs ne peuvent garantir qu'une présence symbolique sans grande influence sur le cours du scrutin. Résultat des courses, ils se retrouvent dans quelques bureaux où la fraude est loin des yeux et déclarent que le scrutin est un exemple de démocratie. Lors des législatives de mai 2007, les observateurs de l'ONU avaient déclaré dans leur rapport que la manière dont étaient gérées les urnes mobiles « laisse planer de sérieux doutes » sur la neutralité de l'administration. Mais la grande surprise émana de la Commission nationale de surveillance des élections qui n'avait pas hésité à dénoncer des cas de fraude. Et pourtant, le scrutin a bel et bien été validé. Au fil des scrutins, une chose est sûre, c'est qu'une présence symbolique d'observateurs étrangers n'est pas une garantie de transparence d'une élection.