Moscou et Kiev ont signé, dimanche, un accord de reprise des livraisons sur lequel planent de nombreuses zones d'ombre. L'approvisionnement en gaz de l'Union européenne devrait (théoriquement) être rétabli sous peu, après près de deux semaines de coupure. A l'issue de négociations marathon, la Russie et l'Ukraine ont en effet conclu, dimanche, un accord prévoyant de rétablir l'intégralité de l'approvisionnement de l'Union européenne en gaz russe, via l'Ukraine. Des contrats devaient être signés, hier en début d'après-midi, par les compagnies russe, Gazprom, et ukrainienne, Naftogaz. "Il est prévu qu'ils signent à 15h30 (12h30 GMT)", a indiqué Alexandre Smirnov, le porte-parole du Premier ministre russe Vladimir Poutine. L'accord, dont on ne connaît que peu de détails, a été négocié, dans la nuit de samedi à dimanche, par M. Poutine et son homologue ukrainienne, Ioulia Timochenko. Il est censé permettre la reprise des approvisionnements européens en gaz russe via l'Ukraine, des livraisons interrompues le 7 janvier. Normalement, l'approvisionnement des pays de l'UE doit ensuite prendre un à trois jours. Mais les observateurs ne se montraient guère optimistes. Les analystes se demandaient toujours quand et comment le compromis si difficilement trouvé entrerait en vigueur, tandis que de nombreuses autres interrogations portaient sur ses aspects financiers ou l'accueil qui lui sera réservé à Kiev, en proie à une instabilité politique chronique. En effet, cet accord ne met pas fin aux incertitudes, et a, d'ailleurs, été accueilli avec prudence par l'Union européenne. La présidence tchèque de l'Union se veut ainsi prudente, estimant "qu'il y a eu trop d'accords cassés et de promesses non tenues", alors que le ministre de l'Energie tchèque considère que le moment auquel interviendra la reprise des livraisons "n'est pas clair". Les questions en suspens concernent notamment les tarifs pratiqués entre la Russie et l'Ukraine, c'est-à-dire la pomme de discorde qui a provoqué la crise, Kiev a d'ailleurs annoncé qu'elle attendait de connaître le prix auquel serait facturé le gaz russe en 2009 avant d'"évaluer" l'accord conclu entre les Premiers ministres. Ce dernier prévoit que la Russie vendra à l'avenir son gaz à l'Ukraine "à un prix fondé sur la formule européenne", mais avec un rabais de 20% pour l'année 2009 "à condition que les prix du transit restent au niveau fixé pour 2008". Autre question sur laquelle la situation est encore floue, l'épineux sujet du "gaz technique" nécessaire à la mise sous pression des gazoducs ukrainiens. Plusieurs entreprises européennes ont été approchées afin de tenter de constituer un consortium chargé de fournir ce gaz, pour lequel ni Moscou ni Kiev ne voulaient payer jusqu'ici, sans grand-chose de concret jusqu'à hier. Par ailleurs, des experts européens évaluaient, hier, à Bruxelles, les pertes subies par la crise par les pays européens, a fait savoir Ferran Taradellas, le porte-parole du commissaire à l'Energie. Les conclusions des experts peuvent servir de base à des appels en justice, que les corporations européennes dans l'énergie envisagent d'entreprendre à l'encontre de l'Ukraine à la suite de la suspension du transit du gaz russe par son territoire. Synthèse Yacine B.