Les habitants de Tigrine, un village distant de 3 km du chef-lieu de la commune de Mekla, à 24 km à l'est de la ville de Tizi Ouzou attendent impatiemment l'achèvement et la mise en service du nouveau réseau AEP. Aux visiteurs, une fontaine très prisée s'offre aux yeux à l'entrée du bourg. En amont, une huilerie traditionnelle où l'on pétrit des olives avec les pieds, des tapis qui sèchent au soleil sur les rampes des habitations, renseignent amplement que le village a préservé certaines coutumes, mais surtout sur le manque d'eau dans les foyers. Un jerrycan de 5 litres à bout de bras, un bidon de 10 litres sur la tête, une femme d'un certain âge vient de s'y approvisionner. Interrogée, la vieille dame dit : « Nous nous servons de l'eau des fontaines depuis des années. Mais celles-ci, ainsi que les forages tendent à se tarir. C'est la besogne quotidienne de toutes les femmes, en attendant que les travaux se terminent sur le nouveau réseau. » Dans l'une des venelles de Tigrine, un homme, la quarantaine, prépare l'emplacement de son compteur dans le mur de sa maison à l'aide d'un marteau et d'un burin. Assis sur une dalle, le chef du village, Dda Ahcène, estime : « Le calvaire vécu par les habitants durant des années touche à sa fin. On nous a demandé de terminer les branchements afin d'effectuer les essais. » Cependant, il indique que le château d'eau principal qui alimente le village est dans un état lamentable. Délaissé, le réservoir n'est pas entretenu par les services de l'ADE. « On se sert d'un réservoir que les citoyens du village avaient eux-mêmes construit », dit le vieillard. A ce sujet, un citoyen qui vient de nous interpeller, fulmine : « N'ayant pas de trappe ni de clôture pour délimiter le périmètre de ce réservoir, cette eau est exposée à la pollution. » Dans ce village, disent des citoyens, « l'eau coule très tard dans la nuit et parfois, nous avons un filet d'eau à 5h du matin ». Se référant aux explications de l'ADE, le président de l'APC, M. Larabi dit : « En plus des quantités insuffisantes d'eau, le coût du pompage la nuit revient moins cher que pendant la journée ! », a-t-il reporté auprès de l'organisme. Par ailleurs, il indique dans le même chapitre : « Ce service manque de personnel. La vétusté de nos réseaux de distribution que nous continuons de renouveler font que des fuites éclatent partout dans la localité et ce n'est pas avec trois ou quatre agents que l'ADE pourrait faire face aux besoins de 25 000 h. » En outre, le maire informe : « Les travaux sont en voie d'achèvement étant à 99% de réalisation à Tigrine et dans d'autres villages. Toutefois, on attend que les compteurs soient tous placés afin que l'ADE procède aux essais de conformité. » « L'eau ne devrait pas manquer dans notre localité, puisque nous sommes alimentés du barrage Taksebt », ajoute M. Larabi. Néanmoins, le responsable n'écarte pas l'avènement de perturbations et autres désagréments dans la distribution de l'eau potable dans les mois à venir. En outre, il déplore la vétusté des conduites d'eau les cassures récurrentes qui surviennent à travers toute la circonscription. Décidément, les habitants du village Tigrine ne sont pas encore au bout de leur peine. Même avec l'installation du nouveau réseau et la rénovation des anciennes canalisations existantes, on pourrait arriver à assurer l'alimentation que seulement 2 fois par semaine, minimise le P/APC. Pendant que Dda Ahcène continue de dresser la situation dans son village, la vieille dame poursuit ses va-et-vient incessants entre la fontaine et la maison. Excédée par la navette, elle marmotta : « Nous en souffrons même en hiver… voyez-vous », en jetant un regard furtif dans notre direction.