Les efforts diplomatiques en vue d'arracher une trêve à Ghaza ressemblent de plus en plus à une agitation stérile qui dévoile l'hypocrisie européenne et la lâcheté arabe. Pendant que le président Sarkozy poursuit ses interventions très médiatiques au Moyen-Orient, que la commissaire de l'Union européenne joue des coudes pour s'imposer, que la présidence tchèque – pays connu pour ses positions pro-israéliennes – bafouille, que la Ligue arabe se prépare lentement à une réunion la semaine prochaine, les F16 israéliens ne perdent pas de temps. Ne voulant pas froisser Israël, la diplomatie européenne tergiverse. Pendant ce temps, les Israéliens qui ne subissent pas de grandes pressions internationales, en profitent pour allonger les souffrances des Ghazaouis. Au douzième jour de l'offensive sur le territoire de Ghaza, le Tsahal ne veut toujours pas d'un cessez-le-feu. « Non seulement le Hamas doit arrêter de tirer (des roquettes) mais il ne doit plus être en mesure de tirer » ces roquettes, a affirmé Ehud Olmert à Nicolas Sarkozy. « Nous ne pouvons pas accepter un compromis qui permettra au Hamas de tirer (des roquettes) dans deux mois contre les villes israéliennes », a-t-il ajouté. « Le but de l'opération n'est pas de mettre fin au pouvoir du Hamas, même si nous pouvons le faire », a insisté le responsable israélien. L'arrivée de Nicolas Sarkozy au Proche-Orient a fait grincer des dents. « Si chacun conduit sa propre mission, cela affaiblit la position stratégique », a accusé le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini. Dans un tel désordre, il est, en effet, difficile de s'y retrouver. La déclaration du ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, lundi, à l'issue d'une rencontre avec la ministre des Affaires étrangères israélienne, sonne comme un aveu d'impuissance. « Ce n'est pas notre rôle de proposer les conditions d'un cessez-le-feu », explique-t-il. Le Hamas, acculé de toutes parts, endossant à lui seul la responsabilité de l'offensive israélienne, a été mis au pied du mur. Une délégation du mouvement conservateur palestinien a renoué, hier au Caire, un difficile dialogue avec les Egyptiens pour envisager un cessez-le-feu. L'Egypte, dont le chef de la diplomatie, Ahmad Aboul Gheit, avait accusé le Hamas d'avoir offert le prétexte d'intervenir « sur un plateau d'argent » à Israël, a pris l'initiative de cette reprise de contact. Pour le dénouement de la crise, le président français a misé sur la carte de la Syrie. A Damas où il a rencontré le président français, Bachar Al Assad, le président syrien, a estimé que le blocus israélien de Ghaza est « une déclaration de guerre. Une mort lente ». « Il est difficile d'imposer un cessez-le-feu sans lever le blocus », a-t-il indiqué. Comme d'habitude, les Etats-Unis soutiennent mordicus leur allié israélien, rejetant tout cessez-le-feu à Ghaza qui ne serait pas assorti de conditions garantissant la sécurité d'Israël. « Je sais que les gens disent : il faut un cessez-le-feu. C'est une noble ambition. Mais tout cessez-le-feu doit comporter des conditions telles que le Hamas ne se serve pas de Ghaza pour tirer des roquettes », a déclaré George W. Bush. « Nous voudrions tous, bien sûr, voir la violence cesser, mais pas au prix d'un accord qui n'empêcherait pas la crise de se reproduire », a dit M. Bush à l'occasion d'entretiens avec le dirigeant soudanais Salva Kiir Mayardit. Les diplomates américains enjoignent néanmoins de ne pas tuer « trop de civils palestiniens ». « Nous les appelons instamment (les Israéliens) à être très prudents quant aux victimes civiles. Nous voulons que celles-ci restent à un minimum absolu », a dit la porte-parole américaine, Dana Perino. « L'image d'Israël est détruite » par son refus d'écouter les appels à un cessez-le-feu de la communauté internationale, a dit à Shimon Peres la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner. Et à Peres, prix Nobel de la paix, de répondre : « L'Europe devrait ouvrir ses yeux. Nous ne faisons pas dans les relations publiques. Nous combattons le terrorisme et nous avons le droit absolu de défendre nos citoyens. » Israël a réussi à présenter sa guerre – comme celle de l'Occident – contre le terrorisme et a tout fait pour rendre ses arguments acceptables aux yeux de la classe politique internationale. L'Etat hébreu peut désormais massacrer en toute impunité des milliers de Palestiniens que la communauté internationale ne trouverait rien à redire.