L'armée israélienne a encore frappé hier une école à Ghaza, tuant femmes et enfants et en blessant des dizaines venues s'y réfugier. Au vingt-deuxième jour de l'agression israélienne contre la bande de Ghaza, le nombre des victimes a dépassé hier le chiffre de 1200 morts alors que l'armée israélienne intensifiait ses frappes contre des objectifs civils. De fait, chaque école, chaque hôpital, chaque mosquée, chaque maison, toute institution ghazaouie ou internationale sont ciblés comme objectifs militaires par les stratèges israéliens, d'où le nombre effarant de morts de civils. Or, la communauté internationale agit et réagit comme s'il y avait face à face deux armées pareillement équipées lorsqu'elle demande la cessation des «combats», feignant que, réellement, l'on se bat à armes égales dans la bande de Ghaza. Aussi, mettre sur le même plan l'avion de combat israélien F16 lance-missiles et la roquette artisanale «hamassie», c'est faire injure aux lois de la guerre et aux Conventions dans ce sens promulguées par le Conseil de sécurité au nom du droit international et de la Charte de l'ONU. Cela étant, il reste qu'au 22e jour de l'agression, l'armée israélienne a intensifié ses attaques. Hier matin, un bombardement a ciblé une école gérée par les Nations unies à Beït Lahiya, dans le nord de la bande de Ghaza, lors duquel une femme et son enfant ont été tués, selon des témoins et des sources médicales. De nombreux civils qui fuyaient les frappes israéliennes et y avaient trouvé refuge, ont été, par ailleurs, blessés. Onze d'entre eux ont été atteints dans le bombardement qui a provoqué l'incendie de l'école, ont précisé les mêmes sources. «Cela illustre à nouveau la tragédie de Ghaza. Il n'y a aucun lieu sûr et même une installation des Nations unies n'y est pas en sécurité», a déclaré à la presse Christopher Gunness, porte-parole de l'Unrwa, (Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens). «A Ghaza, il n'y a nulle part où fuir», a-t-il encore insisté. Plus de trois semaines après le début de la meurtrière agression israélienne, les objectifs que l'armée et le cabinet de sécurité israéliens se sont assignés, ne semblent pas avoir été atteints, puisque, hier encore, des roquettes du Hamas on pu atteindre Sredot au sud d'Israël. De fait, la presse, israélienne notamment, faisait état hier de la possible annonce d'un cessez-le-feu «unilatéral» par Israël, dont justement le cabinet de sécurité devait débattre dans la soirée d'hier (à partir de 20 heures GMT). Ainsi, expliquait hier un responsable israélien, le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le ministre de la Défense, Ehud Barak devaient donner une conférence de presse dans la soirée d'hier après la réunion qui doit décider d'une «trêve unilatérale» à Ghaza. Réagissant à cette annonce, le Hamas rejette totalement une telle initiative, promettant en revanche de poursuivre la «confrontation» dans le cas de figure d'une «trêve unilatérale» d'Israël. «Ce cessez-le feu unilatéral ne prévoit pas de retrait de l'armée israélienne», a indiqué, depuis Le Caire, Oussama Hamdane, un porte-parole de Hamas, et «tant qu'elle (l'armée israélienne) restera à Ghaza la résistance et la confrontation se poursuivront». Selon M.Hamdane, un tel cessez-le-feu «est une tentative de contourner le plan égyptien» en vue d'une trêve négociée dans la bande de Ghaza où plus de 1200 Palestiniens ont été tués depuis le début de l'agression israélienne le 27 décembre. De son côté, l'Assemblée générale de l'ONU a exigé, dans la nuit de vendredi à samedi, un «cessez-le-feu immédiat et durable» à Ghaza, qui doit mener au «retrait total des forces» israéliennes et à la «distribution, sans entrave, dans tout Ghaza, de l'aide humanitaire». Dans une résolution adoptée à une large majorité, l'organe plénier de l'ONU «exige le respect sans conditions de la résolution 1860 du Conseil de sécurité». Pour rappel, la résolution 1860 du Conseil, adoptée le 8 janvier, n'a pas été suivie d'effet, Israël ayant poursuivi son agression, contre la bande de Ghaza. Il faut relever toutefois que les résolutions de l'Assemblée générale onusienne, qui ne sont pas contraignantes, n'ont aucun effet sur la réalité du terrain. Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, le Sud-Coréen, Ban Ki-moon, poursuivait son périple à travers le Proche-Orient et se trouvait hier à Beyrouth d'où il a réitéré son appel à la cessation immédiate des «combats». M.Ban feint ainsi. que ce sont deux armées qui se font face dans la bande de Ghaza. Ce qui n'est pas du tout le cas car on ne peut mettre sur un pied d'égalité une milice de résistants palestiniens à l'occupation étrangère et une armée, la plus puissante de la région, outre d'être supérieurement équipée. Ban Ki-moon a cependant estimé hier que la «violence (israélienne, que, hélas, il ne qualifie pas) dans ce territoire palestinien avait atteint un niveau sans précédent dans l'Histoire récente». «Les deux parties (Israël et le Hamas) doivent stopper les combats. Maintenant», a déclaré M.Ban, qui n'a pas fait le distinguo entre une armée professionnelle et une milice, lors de son intervention devant le Parlement à Beyrouth, à l'occasion de sa visite au Liban dans le cadre d'une tournée régionale. «Nous ne pouvons pas attendre que les détails et les mécanismes (d'un accord) soient négociés et convenus alors que des civils continuent d'être traumatisés, blessés ou tués. Nous réclamons un cessez-le-feu immédiat», a encore dit M.Ban. Par ailleurs, l'Egypte, qui s'est donné jusqu'ici le rôle de médiateur entre le Hamas et Israël, semble perdre patience lorsque le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheït, accuse Israël d'être «le principal obstacle à un accord». Israël est «le principal obstacle aux efforts égyptiens» pour parvenir à un accord et mettre un terme à l'agression contre Ghaza, a ainsi précisé hier M.Aboul Gheït. Interrogé par la presse sur la nature de l'obstacle principal que rencontre la médiation égyptienne en cours, M.Aboul Gheït a souligné: «L'intransigeance israélienne.» «Israël est ivre de puissance et de violence», a-t-il accusé. Cette déclaration est «la plus forte de la part de l'Egypte contre Israël» depuis le début de son agression estiment les observateurs. Le chef de la diplomatie égyptienne s'est exprimé lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue tchèque, Karel Schwarzenberg, qui fait une tournée dans la région en vue de l'obtention d'un cessez-le-feu (la Tchéquie assume la présidence tournante de l'Union européenne depuis le 1er janvier). Relevant son chef de la diplomatie, le président égyptien, Hosni Moubarak, est sorti hier de son silence pour exiger à son tour un «cessez-le-feu immédiat et sans conditions» indiquant: «Je demande à Israël aujourd'hui (hier samedi) de mettre fin à ses opérations militaires immédiatement», a-t-il déclaré. «J'appelle ses dirigeants à un cessez-le-feu immédiat sans conditions et je demande le retrait de leurs troupes de la bande» de Ghaza, a ajouté le raïs égyptien. Or, les appels, venus de tous les horizons, sont demeurés jusqu'ici vains et resteront sans effet tant que la communauté internationale ne traite pas Israël comme un Etat comme les autres qui doit se plier au droit international et appliquer complètement les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.