– Quel est l'objectif de ces journées d'étude sur la production culturelle amazighe dans les médias ? La production culturelle amazighe dans les médias en Algérie existe au moins depuis la période coloniale à ce jour. Elle a, durant toute cette période, préservé cette culture et identité ancestrales, en assumant surtout la retransmission de l'héritage culturel aux générations futures. Pour diverses raisons, la recherche dans les sciences de l'information et de la communication en Algérie, ne s'est pas trop intéressée à cette problématique. On peut dire qu'elle l'a même délaissée. D'ailleurs, il y a peu de travaux de recherche dans les SIC sur la production culturelle amazighe dans les médias, en Algérie. Donc, l'objectif de ces journées d'étude est d'enrichir davantage la réflexion sur cette question, de tenter de tracer des frontières d'un domaine de recherche nouveau dans les sciences de l'information et de la communication en Algérie, car ni l'histoire du journalisme en tamazight, ni celle de la production filmique, ni celle de la communication médiatique ne sont enseignées de manière indépendante. Nous voulons produire, à la fin de l'activité, une référence bibliographique scientifique qui sera utile justement pour l'étude de la thématique en question. Nous voulons aussi attirer l'attention des acteurs dans la promotion de la langue et la culture amazighes sur le rôle primordial des médias dans la préservation et la promotion de cette culture et la retransmission de son héritage. – Comment évaluez-vous la production culturelle amazighe dans les médias ? Sur le plan quantitatif, nous pouvons dire que la production est considérable. Cela est dû, à mon sens, à des facteurs politiques, car il y a reconnaissance officielle de cette langue. Il y a également une valorisation de cette culture par l'Etat dans son discours officiel, et ce, à travers ses différentes institutions, notamment les médias officiels. L'autre facteur qui a boosté cette production est la prise de conscience de citoyens militants dans la société de l'importance de produire des romans, des films, des reportages, des articles de presse, du chant dans la langue amazighe. Il ne faut tout de même pas oublier certaines pratiques culturelles auxquelles s'adonnent des acteurs sur les réseaux sociaux (internet), dont l'objectif est la valorisation et la préservation de cette culture. Mais sur le plan qualitatif, il faut préciser que, malgré les efforts fournis, il y a clairement des insuffisances liées essentiellement à la faiblesse de la formation de ses acteurs sociaux et à la crise financière qui a touché même le secteur de la culture. Cela est constaté, à titre d'exemple, dans la production filmique en tamazight, que nous avons suivi durant le mois de Ramadhan écoulé, ainsi que celles qui étaient en lice lors du Festival du cinéma amazigh, ces dernières années. – Que préconisez-vous pour développer la production culturelle amazighe dans les médias ? Je pense qu'il faut investir beaucoup plus dans la formation des acteurs de la production culturelle amazighe dans les médias. Faire du cinéma nécessite, d'abord, la maîtrise parfaite des techniques de chaque domaine de production et la maîtrise de la langue, loin des néologismes et des calques qui reviennent trop dans le discours de ces productions. La connaissance approfondie de cette culture ancestrale est également indispensable. Il est aussi important que les entreprises productrices, publiques et privées, soient encadrées, sur une longue durée, par des spécialistes en langue et culture amazighes et ceux de la communication et du journalisme.