En poste à Alger depuis septembre dernier, Patricia McCullagh, ambassadrice du Canada en Algérie, revient pour El Watan, à la veille de la célébration de la Fête nationale de son pays, sur les relations économiques entre l'Algérie et le Canada. * Vous avez parrainé avec votre homologue algérien, Hocine Meghar, la rencontre du Conseil de développement Canada-Algérie (CDCA) mardi dernier. Est-ce qu'il y a des secteurs économiques prioritaires que vous avez déterminés depuis votre arrivée à votre poste à Alger? J'étais honorée pouvoir participer dans l'événement du CDCA la semaine dernière à Montréal. En fait, le Conseil de développement Canada-Algérie joue un rôle important dans le renforcement des échanges commerciaux entre le Canada et l'Algérie. Quant à l'Ambassade, bien sûr nous avons des secteurs économiques prioritaires. Ceci dépend toujours de l'intérêt des entreprises canadiennes, des domaines qui les intéressent et qui attirent leur attention. Présentement, il y a une soixantaine des entreprises canadiennes faisant affaire en Algérie, allant des produits alimentaires de base à l'aéronautique, en passant par les services de formation. Je dirais que les secteurs prioritaires pour l'Ambassade sont : l'aéronautique, l'agroalimentaire, l'éducation, les technologies de l'information et des communications ainsi que les technologies durables. * Quelle est la principale contrainte qui rend réticent un investisseur canadien à venir en Algérie? C'est clair que la règle 51/49 n'encourage pas l'investissement en Algérie de la part de certaines compagnies ou investisseurs – mais en même temps, nous voyons qu'il y a de l'intérêt. Donc notre mission c'est d'accompagner ceux qui sont intéressés, de bien expliquer les processus et encore d'encourager les autres investisseurs qui ne sont pas familiers avec l'économie algérienne. Nous avons fait ceci récemment, durant mon voyage au Canada [voir prochaine réponse, NDLR]. Beaucoup de notre travail aujourd'hui se fait avec les PMEs, ce qui marque un changement important comparé avec les échanges commerciaux d'il y a 20 ans. * Vous avez pris la parole au Global Petroleum Show de Calgary. Y avez-vous décelé un intérêt des compagnies canadiennes pour l'Algérie ? quelles pourraient être les activités les plus attirantes en Algérie présentement? Mon voyage récent au Canada, pour assister au Global Petroleum Show, était un exemple de notre travail pour expliquer les opportunités aux compagnies canadiennes. En fait, j'étais accompagnée par un de nos délégués commerciaux, et ensemble, nous avons généré beaucoup d'intérêt de la part des entreprises et institutions canadiennes. Nous avons pu nous entretenir directement avec plus de 40 entreprises canadiennes dans le domaine du pétrole et gaz : séismique, service pétrolier, nouvelles technologies, équipements et formation. Cela était une belle opportunité pour promouvoir le potentiel énergétique algérien et de parler de la nouvelle vision de Sonatrach (SH 2030) ainsi que de son ambitieux plan d'investissement pour les cinq prochaines années. Nous avons souligné les réformes de la loi sur les hydrocarbures que le Ministère de l'Energie et ALNAFT compte introduire pour attirer des investisseurs étrangers à l'amont algérien. Dans le domaine de la formation et de la recherche, nous avons discuté des possibilités de coopération ou de partenariat. À titre d'exemple, l'Université de l'Alberta souhaiterait travailler avec l'Institut Algérien du Pétrole (IAP) pour des formations spécifiques et de voir avec la Sonatrach les potentialités d'une coopération dans la recherche et le développement en particulier dans le domaine des hydrocarbures non conventionnels dans lequel l'Université de l'Alberta a une longue expérience. Les nouvelles technologies et leur application dans l'industrie pétrolière sont un segment où le Canada possède une grande expertise. Il y a un grand intérêt des entreprises et startups canadiennes pour travailler avec la Sonatrach pour son ambitieux plan de modernisation et de transformation digitale. Sur le plan institutionnel et réglementaire, nous avons rencontré l'Alberta Energy Regulator (AER), un centre de réglementation des hydrocarbures de classe mondiale avec une expérience significative dans la mise en place de systèmes de régulation robustes qui donnent confiance aux investisseurs étrangers et garantissent que les ressources sont développées de manière responsable. À travers son Centre international d'excellence en réglementation (ICORE), l'AER est disposé à discuter avec ALNAFT les meilleures façons pour partager son expérience et soutenir l'Algérie dans le développement d'un cadre réglementaire attractif et responsable. L'Algérie et le Canada sont deux nations avec de longues traditions dans le secteur des hydrocarbures. La technologie canadienne est reconnue mondialement et l'Algérie continue de consolider sa position importante sur la scène énergétique mondiale. Une coopération forte et un partenariat durable ne seront que bénéfiques pour les deux pays.
* Les échanges commerciaux ont connu une baisse en 2017. Pourquoi, selon vous ? Le Canada et l'Algérie entretiennent des relations commerciales dynamiques marquées par des échanges bilatéraux évalués à presque 1,5 milliards de dollars CAD en 2017, en faveur de l'Algérie. Ce volume a connu une fluctuation les dernières années en raison de la crise économique et la baisse considérable des prix du pétrole, dont l'Algérie et le Canada sont producteurs. Toutefois, l'Algérie est restée le premier partenaire commercial bilatéral du Canada en Afrique en 2017, et le 34e partenaire commercial bilatéral du Canada dans le monde.