Contrairement à l'année précédente, la commémoration de l'assassinat de l'éphémère président de la République algérienne, Mohamed Boudiaf, a connu une affluence plus importante. En effet, outre la même poignée d'humbles hommes qui se donnent annuellement rendez-vous sous la stèle de Si Tayeb El Watani, érigée au centre du palais de la Culture de Annaba, pour lui rendre hommage, des avocats, des journalistes, des jeunes issus du mouvement des scouts algérien ont tenu à prendre part à cette action relevant de la mémoire nationale. Ils se sont recueillis au même lieu à Annaba à la même heure, 11h42, où avait été tué, 26 ans auparavant, Mohamed Boudiaf, l'ex-président algérien, a-t-on constaté sur place. Comme d'habitude, il n'y avait pas d'officiels, ni de députés, encore moins une cérémonie pour celui qui avait tout abandonné pour l'Algérie. Aucune autorité locale officielle n'a daigné prendre part à l'hommage pour ce grand homme qu'était Mohamed Boudiaf, l'un des révolutionnaires de la première heure pour l'indépendance de l'Algérie et président du Haut Conseil de l'Etat (HCE). Heureusement que depuis plusieurs années, le sénateur FLN de Annaba, Bachir Chebli, continue de briser cette clandestinité, regrettable à plus d'un titre. On se souvient encore, trois années auparavant, lorsqu'il avait déclaré à El Watan, devant la stèle du défunt président : «En oubliant volontairement de commémorer l'assassinat de feu Mohamed Boudiaf, on commet un double parricide. Celui de la mémoire et celui de la symbolique de la nation. Personnellement, je refuse que ce grand homme soit oublié. La nation est libérée au prix de lourds sacrifices, dont la vie de ce grand homme en est un.» Autre personnalité, Me Hchaichia Hmaïda, membre fondateur de la fondation Mohamed Boudiaf, qui est toujours là pour rappeler à qui veut l'entendre que le «président honnête et intègre Mohamed Boudiaf a été appelé clandestinement à la rescousse pour sauver l'Algérie en déperdition. Il avait été également assassiné en ce lieu clandestinement. Et aujourd'hui (hier), 26 ans après, nous continuons à commérer l'assassinat de ce grand chahid clandestinement». Vingt-six ans après, les Algériens sont encore dans l'attente de la vérité sur cet assassinat qui n'a pas livré tous ses secrets. C'est toujours avec cette même interrogation à l'esprit que les fidèles à la mémoire de Si Tayeb ont déposé une gerbe de fleurs devant la stèle du défunt Mohamed Boudiaf au palais de la Culture de Annaba, baptisé à son nom.