Le secteur de l'énergie est un enjeu mondial dont la prospérité est étroitement liée aux situations économiques des pays producteurs. Les recettes de l'Algérie reposent essentiellement sur l'industrie des hydrocarbures avec des réserves de 12 milliards de barils de pétrole, 4500 milliards de mètres cubes de gaz naturel conventionnel, et 22 500 milliards de mètres cubes de gaz de schiste, ce qui la classe au 3e rang mondial. L'Algérie est donc dans l'obligation de développer cette industrie et d'économiser sa consommation locale en matière de produits qui en résultent pour mieux valoriser les ventes et élargir son marché extérieur. On s'intéresse dans cette contribution au gaz naturel qui semble susciter l'intérêt en ayant un grand potentiel à exploiter. Sur le plan international, l'avantage du gaz naturel est le fait que son marché n'est sujet à aucune limitation imposée en termes de capacité de production, contrairement au pétrole qui connaît des fluctuations continues. Lors d'une réunion récente des membres du FPEG (Forum des pays exportateurs de gaz), dont l'Algérie fait partie, et selon l'agence Bloomberg, un projet a été entrepris visant à établir des contrats de fournitures à long terme entre les pays exportateurs de gaz et les pays consommateurs tout en indexant le prix des ventes sur celui du pétrole brut. Cette solution permettrait de concevoir un modèle capable de prédire avec plus de précision les recettes générées et par conséquent mieux planifier les investissements dans un environnement financièrement sécurisé. Pour ce qui est de l'investissement, il faut reconnaître que parmi les sages décisions de l'Algérie en termes de stratégie d'investissement dans le secteur de l'énergie, s'inscrit l'acquisition récente de navires méthaniers dans la perspective de conquérir des marchés loin de l'Europe d'autant que la demande en gaz naturel ne cesse de croître dans les pays asiatiques devenus leaders mondiaux dans l'industrie. Le gaz naturel sous sa forme liquéfiée GNL se voit ainsi propulsé en tête des fournitures incontournables dont ces industriels ont besoin et l'avancée des technologies de l'isolation thermique ainsi que celle de la sécurité des installations donnerait au GNL la possibilité d'être livré partout dans le monde avec un minimum de pertes. S'agissant de la consommation locale, la CREG (Commission nationale de régulation de l'électricité et du gaz) estime qu'entre 2009 et 2018 la croissance de la demande locale hors autoconsommations du secteur énergétique aurait connu un taux de 7,4 %. Pour réduire ce taux, il est recommandé d'adopter un modèle adapté au pays et aux besoins tout en considérant la sélectivité pour chaque utilisation. Le modèle français par exemple favorise l'utilisation de l'électricité au lieu du gaz de par la sécurité qu'elle offre et le mode de sa production qui se fait à 72 % par le nucléaire et 17 % par des sources renouvelables. Or en Algérie, l'électricité est majoritairement produite par conversion de l'énergie issue de combustion de gaz naturel avec un rendement de 39 % dans le meilleur des cas, exigeant ainsi de consommer 2.58 kWh de gaz brûlé pour générer 1 kWh d'électricité ! Ce constat nous oblige à revoir le profil de consommation actuel et l'orienter à travers les organismes énergétiques du pays vers une utilisation optimale, surtout dans le secteur industriel où la sécurité des équipements et des installations est plus rigoureuse et la consommation plus importante. Cette orientation doit cependant respecter un ciblage dans l'utilisation en effectuant des choix suite à la comparaison des consommations de l'énergie primaire qui tient compte du mode de production de l'énergie. Le gaz naturel peut remplacer l'électricité, notamment dans les installations de chauffage et de climatisation. Tel est le cas pour les machines trithermes à absorption qui permettent de produire de l'eau glacée pour le rafraîchissement à partir de la combustion du gaz naturel d'autant que la climatisation augmente significativement la consommation électrique estivale. En terme d'investissement local, Il serait souhaitable que l'Etat accorde des facilités plus motivantes aux industriels désirant investir dans les installations de cogénération et devenir énergétiquement autonomes, voire même céder le surplus de leur énergie en appoint à la fourniture assurée par Sonelgaz. En conclusion, ces solutions sommairement exposées et certes difficiles à mettre rapidement en œuvre pourraient contribuer à l'utilisation optimale de l'énergie localement. Favoriser l'utilisation du gaz au lieu de l'électricité, notamment dans le milieu industriel, contribue considérablement à économiser l'électricité qui est à son tour produite à partir du gaz naturel, ce qui réduit la sollicitation des réseaux électriques de Sonelgaz ayant enregistré un record de consommation estimé à 13 GW en 2017, et augmente le ratio gaz naturel vendu à l'étranger/gaz naturel produit. Ainsi, en améliorant les recettes en devises, la situation économique du pays devrait être meilleure.
Par Bennoui Mohamed Salah Cadre technique chez United Tobacco Company Doctorant-chercheur à l'université de Constantine Consultant freelance en efficacité énergétique