Les réserves de change de l'Algérie continuent de fondre sous l'effet de la crise financière. A la fin du 1er trimestre 2018, les réserves de change du pays ont baissé à 94,529 contre 97,33 milliards de dollars à la fin décembre 2017, soit une baisse du matelas de devises de 2,8 milliards. Ce recul «est la conséquence des effets croisés, sur la période, d'un solde global négatif de la balance des paiements et de la valorisation positive du stock des réserves de change de 1,55 milliard de dollars», a expliqué un responsable de la Banque d'Algérie, cité hier par l'agence APS. Le déficit de la balance des paiements a poursuivi quant à lui sa tendance baissière au 1er trimestre 2018 avec une diminution de plus de 2 milliards de dollars par rapport à la même période de 2017. Le solde global de la balance des paiements a affiché un déficit de 4,36 milliards de dollars à la fin mars 2018, contre un déficit de 6,38 milliards de dollars à la fin mars 2017. La dégringolade, depuis 2014, des prix du pétrole – qui assure 60% des recettes budgétaires et 95% des recettes en devises du pays – a creusé le déficit budgétaire et fait fondre de moitié les réserves de change. En à peine de trois ans, l'Algérie a vu son matelas en devises perdre 100 milliards de dollars. Parallèlement, le Fonds de régulation des recettes, créé en 2000 pour capter les excédents budgétaires liés aux exportations d'hydrocarbures, a été épuisé en février 2017. Dans son plan anti-crise, le gouvernement a été contraint de prendre une série de mesures controversées. Parmi ces mesures figurent une augmentation des dépenses budgétaires en 2018, suivie par la reprise de l'assainissement des finances publiques à moyen terme et des restrictions temporaires aux importations. Hostile à l'endettement extérieur, le gouvernement a également décidé de recourir à la planche à billets pour équilibrer son budget, une mesure dénoncée par de nombreux experts et même par l'opposition en raison de ses conséquences sur le pouvoir d'achat des ménages. Lors de l'adoption par le Parlement fin septembre 2017 du «plan d'action» de son gouvernement, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait évoqué une «situation infernale» des comptes publics pour justifier le recours au «financement non conventionnel». Mais cette approche du gouvernement «aura comme conséquence probable d'exacerber les déséquilibres budgétaires et extérieurs, d'alimenter l'inflation, d'accélérer la diminution des réserves de change, d'aggraver les risques pour la stabilité financière et, en fin de compte, de ralentir la croissance», a récemment mis en garde le FMI. A court terme, pour les réserves de change, la situation va encore se dégrader. Elles devraient s'établir à 85,2 milliards de dollars à fin 2018 (l'équivalent de 18,8 mois d'importations), et à 79,7 milliards de dollars en 2019 (18,4 mois d'importations) avant d'atteindre 76,2 milliards de dollars en 2020 (17,8 mois d'importations), d'après des prévisions du ministère des Finances.