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La supposée suppression de l'évaluation des langues étrangères au bac est une «fake news»
Publié dans El Watan le 13 - 07 - 2018

Soyons pragmatiques : qui a annoncé la suppression des langues étrangères au bac ? Où, quand, comment ? Est-ce une information ? Un ballon-sonde? Une rumeur ? A mon avis, c'est tout, sauf une information vérifiée et cela pour moult raisons.
La première est que, à l'instar de ses homologues, la ministre de l'Education nationale a pour mission de mettre en œuvre le programme de Son Excellence, le président Bouteflika – lui-même parfait bilingue – qui, à propos des langues étrangères, déclarait dans son discours inaugural lors de l'installation de la Commission nationale de Réforme du système éducatif (samedi 13 mai 2000, au Palais des nations, Alger) ce qui suit : «(...) Dans cette perspective, l'Ecole algérienne, creuset du savoir et de l'intelligence, doit être résolue à relever le défi de la modernité.
L'Ecole algérienne rénovée, premier palier pour l'apprentissage de la culture démocratique et meilleur garant de la cohésion sociale et de l'unité nationale, assurera la formation d'un citoyen doté de repères incontestables, fidèle à ses principes et à ses valeurs, mais aussi capable de comprendre le monde qui l'entoure. Elle sera alors en mesure de s'ouvrir plus largement et sans complexes sur le monde extérieur.
Le bon sens nous y invite, la mondialisation nous le commande. Dans un tel contexte, la maîtrise des langues étrangères est devenue incontournable. Apprendre aux élèves, dès leur plus jeune âge, une ou deux langues de grande diffusion, c'est les doter des atouts indispensables pour réussir dans le monde de demain.
Cette action passe, comme chacun peut le comprendre aisément, par l'intégration de l'enseignement des langues étrangères dans les différents cycles du système éducatif pour, d'une part, permettre l'accès direct aux connaissances universelles et favoriser l'ouverture sur d'autres cultures et, d'autre part, assurer les articulations nécessaires entre les différents paliers et filières du secondaire, de la formation professionnelle et du supérieur.
C'est à cette condition que notre pays pourra, à travers son système éducatif et ses institutions de formation et de recherche, et grâce à ses élites, accéder rapidement aux nouvelles technologies, notamment dans les domaines de l'information, la communication et l'informatique qui sont en train de révolutionner le monde et d'y créer de nouveaux rapports de force.»
Dans cet extrait que je considère comme un morceau d'anthologie, tout est dit : l'apprentissage précoce d'une ou deux langues étrangères qui seront présentes tout au long de son cursus, primaire, moyen, secondaire, enseignement supérieur et/ou formation professionnelle, est non seulement un atout pour la réussite dans un monde globalisé, mais une condition d'accès de l'Algérie aux sciences et aux TIC qui engendrent de nouveaux rapports de force entre les pays et dessinent un nouvel ordre mondial.
La seconde raison se trouve dans ce passage, en page 15 de la loi d'orientation sur l'éducation nationale n° 08-04 du 23 janvier 2008 : «La maîtrise de langues étrangères de grande diffusion est indispensable pour participer effectivement et efficacement aux échanges interculturels et accéder directement aux connaissances universelles.
L'introduction du plurilinguisme à un âge précoce est reconnue par la plupart des pays, notamment au Maghreb et presque dans tous les pays arabes, comme un atout indispensable pour réussir dans le monde de demain.
Dès lors, une politique rationnelle et avisée des langues étrangères qui tienne compte des seuls intérêts de l'apprenant algérien et de la place de l'Algérie dans le concert des nations, doit être mise en œuvre pour pouvoir accéder à la science, à la technologie et à la culture universelle. Le monolinguisme ne peut contribuer au développement du pays.
Il ne permet ni l'ouverture sur le monde, ni l'accès aux savoirs et aux connaissances scientifiques élaborées ailleurs, empêchant ainsi l'établissement d'un dialogue fécond avec les autres cultures et civilisations.» La loi d'orientation est un texte fondateur et ce qui y est stipulé doit être respecté à la lettre.
Dans cet extrait, on lit bien que le monolinguisme est un handicap au développement du pays et que le plurilinguisme est le seul gage de la réussite dans le monde d'aujourd'hui. Nos voisins, y compris la Mauritanie, l'ont bien compris et l'ont mis en pratique, alors pourquoi pas nous ?
La troisième raison est exposée en pages 64 et 67 dans le référentiel général des programmes, mis en conformité avec la loi n°08-04 du 23 janvier 2008, édité en mars 2009 : «(...) L'enseignement des langues dans le système éducatif repose sur trois principes directeurs : la maîtrise de la langue arabe, la promotion de tamazight, l'apprentissage de langues étrangères.
(...) Les fonctions des langues étrangères sont définies par la loi d'orientation. Elles sont enseignées en tant qu'outil de communication permettant l'accès direct à la pensée universelle en suscitant des interactions fécondes avec les langues et les cultures nationale. Elles contribuent à la formation intellectuelle, culturelle et technique et permettent d'élever le niveau de compétitivité dans le monde économique.
La formation de compétences en matière de langues est indispensable pour servir de ressources indépendantes, fiables à toutes les institutions de la nation, eu égard, d'une part, à l'évolution mondiale des parlers et de leur place dans les transactions économiques et commerciales, et, d'autre part, à la portée civilisationnelle des langues étudiées.»
Le référentiel est le socle sur lequel vont s'appuyer les concepteurs pour élaborer les programmes disciplinaires, c'est donc un texte officiel fondateur et prescriptif à la fois. Ne pas respecter ses préconisations est inconcevable.
La quatrième raison s'incarne dans le Guide méthodologique d'élaboration des programmes, adapté à la loi n°08-04 du 23 janvier 2008, rédigé en 2009 par la Commission nationale des programmes, où on peut lire, en pages 51 et 52, à propos du champ disciplinaire des langues, ce qui suit : «(...) On parlera de missions, en ce qui concerne la langue arabe et tamazigh, de fonctions, en ce qui concerne les langues étrangères et l'ouverture sur le monde (...) faire preuve de curiosité intellectuelle et scientifique, s'ouvrir sur les lettres régionales et universelles, s'ouvrir sur les langues étrangères et les autres cultures, accepter la différence et aspirer à la coexistence pacifique avec les autres, respecter les cultures et les civilisations universelles, apprécier la communication et les échanges avec les autres, tirer profit des expériences des autres pour une meilleure compréhension de son époque et l'édification de son avenir.»
Ces raisons, extraites des textes fondateurs du système éducatif algérien, constituent des arguments d'autorité imparables auxquels vont s'ajouter d'autres, comme le nombre d'étudiants qui choisissent de continuer leurs études en France : 26 000, dont 8600 rien qu'en 2017.
Les chiffres avancés par les services concernés sont corroborés par le nombre d'inscrits aux tests (TCF) et diplômes (DELF et DALF) ainsi qu'aux cours de français proposés dans les cinq IF (instituts français) d'Algérie.
Il faut tenir compte également du nombre élevé d'accords de coopération entre les universités françaises et algériennes. On peut citer également les cours d'anglais dispensés par des institutions britanniques ou américaines qui connaissent un afflux d'inscrits en constante progression.
Il y a donc une forte demande relative à l'apprentissage ou au perfectionnement dans ces deux langues principalement, même si l'espagnol, l'allemand, l'italien, le russe, le chinois et le turc ne sont pas en reste, comme le prouvent les effectifs des différents instituts et des CEIL (centres d'enseignement intensif des langues) implantés dans quasiment toutes les universités algériennes.
Il ne faut pas oublier que les deux langues dont il est question sont les vecteurs indispensables au développement économique et commercial du pays. De nombreuses banques étrangères sont présentes en Algérie et le commerce passe inévitablement par le truchement de l'une ou de l'autre.
Les investisseurs économiques ont besoin de communiquer, d'échanger avec leurs partenaires et le recours aux langues étrangères est indispensable. Cela me fait penser à des commerçants chinois qui, installés à Tizi Ouzou, parlent le kabyle aussi bien que les natifs ou ceux de Skikda qui parlent l'arabe dialectal avec l'accent vernaculaire.
Ce sujet me permet d'évoquer l'implantation (importation ?) de la Sorbonne à Abou Dhabi, établissement inauguré en novembre 2006. L'université s'est installée en décembre 2009, dans un campus de 93 000 m2, pour une capacité d'accueil de 2000 étudiants, sur l'île de Reem.
Les étudiants non francophones s'inscrivent dans un cours intensif d'apprentissage et de perfectionnement de la langue et de la civilisation françaises pendant un à deux ans avant de passer l'examen d'entrée leur permettant de s'inscrire en licence.
En 2013-2014, l'enseignement – dispensé en français – concernait 9 filières : droit, histoire, philosophie et sociologie, économie et gestion, (filières totalement arabisées en Algérie), géographie et aménagement, physique, archéologie et histoire de l'art, langues étrangères appliquées, lettres modernes (langue et littérature françaises).
En master, les étudiants peuvent opter pour l'anglais comme langue d'enseignement. Il y a dans cet exemple matière à réflexion : certains pays n'ont pas de complexe à recourir aux langues étrangères, ce qui n'enlève rien à leur identité intrinsèque.
Par ailleurs, pourquoi ces deux langues, essentielles pour certaines filières, feraient-elles les frais d'un éventuel raccourcissement de la session d'examination ? Dans une démarche d'équité, toutes les matières affectées d'un faible coefficient devraient être concernées par le contrôle continu, sans aucune discrimination.
Par exemple, si on vise un bac resserré sur trois jours, on aura ce cas de figure pour les scientifiques, adaptable aux autres filières, chacune en fonction de ses spécificités :
Filière : sciences de la nature et de la vie
Jour
Matinée
Après-midi
Dimanche
Maths
Arabe
Lundi
Sciences
Philo
Mardi
Physique-chimie
Français
Toutes les autres matières enseignées ne figureront pas à l'examen, mais les moyennes obtenues lors des contrôles continus seront incluses dans le calcul de la moyenne et portées sur le relevé de notes du candidat. Pourquoi garder le français ?
Parce que le bac de cette filière donne accès à des formations enseignées en français, c'est une question de logique, tout simplement.
La somme de ces raisons me laissent penser que la supposée suppression de l'évaluation des langues étrangères au bac est une rumeur infondée, voire insensée.
Si suppression il y avait, elle irait à l'encontre des souhaits des dirigeants qui prônent le développement des investissements économiques étrangers et du tourisme, susceptibles de représenter une manne alternative aux énergies fossiles et ceux des jeunes qui aspirent à une mobilité universitaire et professionnelle inconciliable avec le monolinguisme. Je persiste donc à penser qu'il s'agit là d'une «fake news».


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