Le ministre de la Santé a appelé à vulgariser le planning familial, améliorer la santé de la mère et de l'enfant et réduire le taux de mortalité qui touche ces derniers. Le mot tabou est lâché. Le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, a plaidé pour l'implication de tous les secteurs pour la vulgarisation de la mise en œuvre de la planification familiale 2017-2020, tracée par son département. Lors d'une allocution prononcée en son nom par le directeur de la formation au ministère, M. Aït Messaouden, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la population placée cette année par l'Organisation des Nations unies (ONU) sous le thème : «Planification familiale : un droit humanitaire», le ministre souhaite l'implication d'autres secteurs dans cette opération. Faisant face à des résistances pour des raisons essentiellement religieuses, le ministre voudrait ainsi impliquer des «mourchidate» et les imams. D'autres départements, comme celui de la Solidarité avec ses cellules de communication, et les membres de la Commission nationale de la planification familiale et les médias sont appelés à prendre part aux opérations de sensibilisation. Un partenariat plus appuyé avec la société civile est aussi souhaité. Les derniers chiffres rendus publics par l'Office national des statistiques (ONS) renseignent sur la croissance de la population qui a atteint 42,2 millions d'habitants au 1er janvier 2018 (contre 41,3 millions d'habitants au 1er janvier 2017 et 40,4 millions au 1er janvier 2016). Selon l'ONS, l'année 2017 a connu un volume de naissances vivantes dépassant, pour la quatrième année consécutive, le seuil du million. Pour le ministre, cette croissance accélérée de la population depuis 2013 «pourrait entraver la croissance économique». M. Hasbellaoui a appelé à vulgariser le planning familial, améliorer la santé de la mère et de l'enfant et réduire le taux de mortalité qui touche ces derniers. Le ministre a insisté sur «le renforcement de la prévention des handicaps liés à la grossesse ou dus à l'accouchement à un âge avancé, tardif et rapproché» en associant les couples dans ce programme de manière volontaire. Introduite depuis les années 1960, la planification familiale en Algérie a été développée avec la mise en place du Plan national pour la protection de la santé mère-enfant et l'espacement des naissances en 1974. Le premier centre de planning familial a été ouvert en 1967 à l'hôpital Mustapha Pacha, suivi de deux autres à Oran et Constantine deux ans après. Devant la résistance des familles, une fatwa favorable à l'opération a été émise par le Haut Conseil islamique (HCI). Comprendre le comportement de l'individu Le président Houari Boumediène, qui était favorable au programme, le critique en avouant, lors de l'inauguration du complexe d'El Hadjar (Annaba), son aversion pour les «fausses solutions telles que le contrôle des naissances». Malgré ses déclarations, Boumediène permettra la création en 1974 de nouveaux centres de planning familial. Les pouvoirs publics ont lancé le programme national de maîtrise de la croissance démographique en 1983. Les infrastructures mises en place dans le cadre du programme sont des centres à travers le pays depuis 1994, auxquels s'ajoutent, précise le ministre, 1500 polycliniques et 1300 salles de soins assurées par 2800 sages-femmes et 1500 médecins généralistes ainsi que par des médecins spécialistes. Le ministre de la Santé estime que la politique soutenue par l'Etat est «parmi les priorités de la santé publique». Il a précisé que 60% du recours aux moyens contraceptifs : soit 3 millions de femmes sur un total de 5,3 millions de femmes mariées en âge de procréation. En dépit des avancées enregistrées, le ministre fait état de certains «dysfonctionnements» au niveau de la planification familiale. Il s'agit surtout, constate-t-il, du recours par certains couples aux moyens traditionnels à la contraception et des disparités régionales. Le Pr Hasbellaoui plaide, par ailleurs, pour le renforcement de l'information et la communication et la mise à contribution du secteur privé et des pharmaciens, ainsi que la recherche scientifique pour mieux comprendre les comportements de l'individu en ce qui concerne la planification familiale.