Depuis la saisie record de plus de 700 kg de cocaïne au port d'Oran dans un navire battant pavillon du Liberia et en provenance du Brésil, plusieurs questions restent en suspens. Si certaines des zones d'ombre qui entourent cette affaire trouveront réponse grâce aux nombreuses commissions rogatoires lancées par les juges algériens à plusieurs pays pour identifier les complicités dans cette affaire, il n'en demeure pas moins que la saisie d'une telle quantité a mis en lumière une consommation nationale de la cocaïne en constante augmentation depuis quelques années. Si les quantités saisies jusque-là par les trois services de lutte contre la drogue (police, douanes et gendarmerie) n'ont jamais atteint le niveau de la prise d'Oran, un rapide coup d'œil aux chiffres avancés par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie montre bien une augmentation constante des saisies de cocaïne en Algérie ses trois dernière années. En effet, les services de lutte contre la drogue ont mis la main sur 47 kg de cocaïne en 2016, 52 kg en 2017 et plus de 800 kg ces six premiers mois. Ce chiffre inclut la prise effectuée au port d'Oran. Les prises sont encore loin des niveaux atteints par la résine de cannabis, dont les saisies se comptent en tonnes, mais l'arrivée de la cocaïne comme habitude de consommation des Algériens dépasse le seul cadre dans lequel elle était confinée jusque-là pour toucher d'autres couches de la société. Même la télévision s'est emparée du phénomène pour en parler. C'est le cas dans la série El Khawa, diffusée durant ce Ramadhan sur El Djazairia One, où l'on voit un des comédiens qui joue le rôle d'un dealer offrir une dose de poudre blanche à un membre de la famille Mostefaoui. Même la télévision publique a franchi le pas avec la série Ennar El Barida, où lors d'une soirée bien arrosée, un jeune distribue des doses à ses invités. On est loin de l'image d'Epinal d'une consommation réservée aux seuls jet-setteurs et la baisse du prix du gramme de coke sur le marché n'est pas étrangère à cette évolution. De 40 000 DA le gramme dans les années 2000, le prix tourne autour de 19 000 DA aujourd'hui, et a de fortes chances de baisser encore dans les prochains mois.