En Algérie, si la saison estivale rime avec plage, bronzage et farniente, elle rime aussi avec galère, insolation et vagues de chaleur insupportable. Effectivement, on a eu droit, cette année, à un mois de juillet caniculaire, avec un pic de température qui a atteint, le 3 juillet, les 49,5°C à l'ombre dans la wilaya d'Adrar. Pour s'enquérir de la situation météorologique du pays, nous nous sommes rapprochés, hier, de l'Institut hydrométéorologique d'Oran, où nous avons été reçus par Benghalem Mohamed (chef de section prévision météo) et deux autres météorologues. Si la température maximale de 49,5°C a été atteinte, le 3 juillet dernier, dans la wilaya d'Adrar, il n'en demeure pas moins que durant la période allant du 14 au 17 juillet, il a fait excessivement chaud dans cette même wilaya, avec un pic atteignant les 49°C à l'ombre, alors que les températures frôlaient les 38°C la nuit. Il faut noter que cette année, le Sud algérien a été la région du monde où il a fait le plus chaud. Ce pic de température est favorisé par une stagnation d'air chaud dans la région, un air qui n'est pas «renouvelé» à cause notamment des anticyclones. Cela dit, il y a lieu d'apporter des précisions : contrairement à ce qui a pu être rapporté ici et là, la température n'a jamais atteint les 65°C ni à Adrar ni ailleurs. Il s'agit là, affirment nos interlocuteurs, d'une fausse température. «Bien sûr, si on expose au soleil l'instrument qui mesure la température, il peut afficher 65°C, voire davantage, nous explique-t-on, mais pour avoir une idée précise de la température ambiante qui prévaut dans une région, il faut que le thermomètre soit placé à l'ombre.» De mémoire, nous informent-ils, la seule fois où la température a atteint des summums — 55°C à l'ombre — c'était dans le désert libyen au début des années 1960. Cette année, en Algérie, l'axe Timimoun-Adrar-Bordj Badji Mokhtar est celui où la canicule a été la plus insupportable. Mais il faut noter que la zone la plus chaude d'Algérie est la commune d'In Salah. Cette vague de chaleur devrait perdurer jusqu'à l'automne. En effet, si, auparavant, le climat commençait à s'adoucir dans le Sahara dès le mois de septembre, ces dernières années, la canicule persiste dans cette région du pays jusqu'à la fin du mois d'octobre. Pourtant, cette année, l'été est venu «en retard» et on a eu droit à un climat doucereux jusqu'à la fin du mois de juin, y compris dans les wilayas du Sud. Il a fallu attendre début juillet pour que la canicule frappe de plein fouet, surtout dans les villes du Sud. En cette période de grosse chaleur, il est strictement interdit pour les habitants du Sud de sortir entre 11h et 15h, et si d'aventure, la température dépasse les 50°C, il est alors interdit pour tout un chacun de travailler. Toutefois, nos interlocuteurs affirment que la situation, cette année, n'est pas aussi alarmante qu'elle en a l'air : il y a, certes, une légère hausse par rapport aux années précédentes, mais sans plus. A titre d'exemple, le pic des températures atteignait les 47, voire 48°C à l'ombre ; cette année, le pic a été, jusqu'à présent, de 49,5°C à l'ombre. Un de nos interlocuteurs, qui a habité pendant 5 ans à Adrar, nous raconte : «Le matin, voulant faire mes ablution avec l'eau du réservoir, je me rendais compte que cette eau était inutilisable tant elle était très chaude. En effet, le temps imparti durant la nuit est à ce point court que l'eau, dans les citernes et les réservoirs, n'a pas le temps de se rafraîchir que déjà le soleil brûlant refait son apparition.» Et de dire : «Avant, les habitations étaient construites avec de l'argile, ce qui rendait difficile la pénétration du soleil. Aujourd'hui, il y a une standardisation dans la construction, que ce soit dans le Nord ou dans le Sud, alors que le climat n'est pas le même. Aujourd'hui, le Sud adopte le même mode de vie qu'au Nord, même l'habillement est pareil ! Jadis, l'habitant du Sud vivait en symbiose avec la nature.» Beaucoup reprochent aux différents gouvernements qui se sont succédé d'avoir négligé les habitants du Sud et de n'avoir rien fait pour «affronter le soleil». Certains affirment qu'il était du domaine du possible d'aménager des petites digues, à partir de l'oued Saoura, de manière à faire émerger un microclimat. De même, plutôt que de bétonner à tout-va, il aurait été judicieux de miser sur la verdure et de prendre le pari de «fleurir le sable du désert» de manière à ce que l'atmosphère, par temps de canicule, soit moins étouffante. Enfin, il faut savoir que, contrairement aux idées reçues, de toute la saison estivale, c'est surtout au mois de juillet et non au mois d'août qu'il fait le plus chaud. On peut expliquer cela par le fait que durant le 7e mois de l'année, la journée est plus longue – plus de 16 heures – et, de facto, la terre est plus longtemps exposée au soleil. Enfin, pour les wilayas du Nord-Ouest, l'axe Relizane-Mascara-Chlef est réputé pour être celui où la température est la plus suffocante. «Vous savez, quand il fait 36 ou 37°C au Nord, c'est plus suffocant que quand la température atteint les 41°C au Sud. On peut expliquer cela par le fait que le climat, dans les régions côtières, est lourd et humide.»