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Reportage - Canicule, coupures d'électricité et d'eau…: Adrar étouffe
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 09 - 07 - 2018

Le sud-est de l'Algérie étouffe depuis plusieurs jours. Des records de température qui font de la région l'une des plus chaudes de la planète. Adrar a été classée, le 02 juillet dernier selon la météo de la Nasa le 02 juillet 2018, comme la région la plus chaude du monde suivie par In Salah et d'autres villes du sud algérien.
Inquiétude et mécontentement des habitants face au silence des autorités pour déclarer ces régions sinistrés et prendre les mesures nécessaires. Les internautes partagent des images de thermomètres électroniques qui affichent plus 58°C et 60°C. Du fait de la canicule, pas de circulation, magasins fermés, pas de pain, ni restaurant, ni même du transports. Tout le monde est sous climatisation pour ceux qui peuvent se payer une facture qui coûte plus que le SMIG. Une moyenne de 30.000 DA pour une famille de 05 personnes, ceci si l'électricité ne fait pas défaut, ce qui n'est jamais garanti, vu le pic de la demande en cette saison. La température a enregistré des pics de 50°C selon la météo et plus de 60°C, selon les habitants.
Selon un bulletin spécial (BMS) de Météo Algérie, des températures maximales atteignant ou dépassant localement 48°C ont affecté depuis samedi le Sahara central et les Oasis. Les wilayas concernées sont : Adrar, Ouargla, le sud de Ghardaïa et le nord de Tamanrasset. Le bulletin était valide jusqu'à hier à 21h. Une situation qui a bouleversé la vie des habitants de la région qui souffrent déjà de l'absence des commodités de vie et de marginalisation, selon les échos recueillis sur place.
Les responsables algériens ont un problème avec la géographie. Les mêmes conditions et règles sont appliquées pour Alger et Bordj Badji-Mokhtar sans aucune considération des conditions climatiques et les spécifiés des régions. II est inadmissible qu'un employé rejoigne son travail à Adrar ou In Salah à 14h, quand le thermomètre est à plus de 60°C.
Le quotidien des habitants se résume entre coupure d'électricité, manque d'eau, absence de certaines infrastructures indispensables en cette période, telles les piscines. A Adrar, même le jeu d'eau de la Place des Martyrs en face de la commune est entouré de… barreaux. Une ville unique au monde qui entoure un tel espace de fer !
Ville fantôme
En faisant une tournée dans la ville à 13h vous sentez que vous êtes dans une ville fantôme : rues vides, pas de circulation et toutes les activités sont gelées. Toute la ville est paralysée. Tout le monde est à l'abri du soleil. II ne reste que les Subsahariens qui occupent le rond-point de l'entrée de la ville. Boulangeries, restaurants fermés. Les transports, absents. Ce qui provoque même l'arrêt des chantiers en absence d'une véritable réflexion sur un horaire de travail qui convienne aux conditions de la région. En plus, le régime horaire appliqué actuellement est très gourmand en électricité. Des bureaux fermés ou occupés par peu de fonctionnaires qui ont des véhicules et qui peuvent revenir l'après-midi. Des milliers de climatiseurs opérationnels et un rendement très faible ! Les habitants ne peuvent sortir l'après-midi, pourquoi alors garder le même régime horaire qu'à Tipaza ?
Coupure d'électricité, l'enfer sans climatisation
Dans la nuit de vendredi à samedi, la température n'est pas descendue en dessous de 47°C à Adrar. Il s'agit là d'un record de chaleur nocturne depuis des années. A Bordj Badj-Mokhtar, dans le Tenesrouft, il a fait 55,5°C samedi après-midi. C'est la température la plus élevée mais les habitants affirment qu'il faut ajouter plus de 10°C à la température déclarée ou relevée par les services météo. Fortement liée à la hausse des températures qui incite notamment les habitants à faire fonctionner des climatiseurs, très énergivores, la consommation électrique a atteint son maximum, plus de 400 MW.
Les récentes déclarations du ministre de l'Energie concernant les coupures d'électricité à Adrar dues au pic de la consommation suite à l'utilisation des climatiseurs ont provoqué la colère des habitants qui invitent le ministre à passer quelques heures seulement, pas une journée entière, à Adrar. Les coupures d'électricité sont générales à Adrar et à In Salah.
Des coupures qui provoquent des protestations. A Adrar les coupures ont continué samedi soir. A 22h 10m, la région de Tinerkouk était sans électricité sous une forte chaleur. Avant c'était à Zaouit Kenta, Zaglou et Adrar ville. Lorsque l'électricité fait défaut, la maison devient un enfer et un risque pour les enfants, les malades et les personnes âgées. Un grand risque, indique un médecin de la région. Quotidiennement, des personnes sont admises aux urgences dans un état critique, mais aucun bilan sur le nombre des décès suite à la canicule n'a été établi par les services de la santé, ce qui n'est pas normal dans ces situations.
Pénurie et coupure d'eau
Le Sahara algérien dort sur une nappe phréatique mais les robinets sont secs à Adrar et Bechar. A Adrar le problème d'eau est devenu une préoccupation majeure des habitants dans toutes les communes, de Timiaouine à l'extrême sud jusqu'à Tinrekouk. L'eau ne coule dans les robinets que durant de petites périodes et les habitants doivent utiliser des pompes électriques, ce qui explose le pic de consommation électrique. A Reggane, les habitants du ksar Tinoulaf protestent depuis un mois pour avoir l'eau. A Adrar, plusieurs cités connaissent des coupures et des perturbations dans la distribution de l'eau depuis des mois. La cité Beniouskout, la cité 200 logements et la cité des cadres et autres. Ce problème d'eau s'ajoute aux coupures d'électricité et la température caniculaire. On imagine déjà la vie des habitants. Ceci impose une solution vu que l'eau existe mais c'est la gestion qui pose problème. Les responsables font des promesses qui ne sont malheureusement pas tenues.
A Bechar, les habitants souffrent de pénurie d'eau. Des semaines sans le précieux liquide en pleine saison de chaleur, ce qui a poussé les habitants à sortir dans la rue. De violentes protestations et affrontement avec les forces de l'ordre ont été enregistrées dans les quartiers populaires tel que Bechar Djérid et Gharassa là cité Elkarma.
Ni piscine ni prise en charge
Dans la ville d'Adrar, il y a une seule piscine et la plupart du temps, elle n'est pas fonctionnelle ou en rénovation. Pour les autres communes, quelques projets ont été réalisés ces dernières années, telle cette piscine hors-sol pour Tamentit Zaouit Kenta et Fenoughil. Mais cela reste très insuffisant. Pour les autres loisirs, il n'y a rien ! La Place des Martyrs reste la seule destination pour des milliers de jeunes qui comparent les infrastructures des bases de vie des entreprises pétrolières activant dans le Sud qui sont de très loin meilleures que celles réalisées par l'Etat. Les jeunes à Bechar et à Adrar se disent marginalisés.


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