Alors que les responsables à tous les niveaux de l'Etat insistent, à chaque occasion, sur la nécessité de compter sur les potentialités nationales où qu'elles se trouvent, dans le secteur public comme dans le privé, pour relever le challenge en matière économique — et plus particulièrement en ces temps de contraintes et de restrictions de ressources — les difficultés auxquelles est confronté un opérateur privé, en l'occurrence le groupe agroalimentaire Cevital, dirigé par Issad Rebrab, du fait d'une administration tatillonne et malintentionnée, non seulement laissent perplexes plus d'un, mais soulèvent également des interrogations qui poussent logiquement à se demander s'il n'y a pas une volonté délibérée, quelque part, d'instrumentaliser cette administration dans le seul objectif de bloquer le développement d'un projet intégré d'extension du complexe oléagineux de Cevital, et ce, depuis 485 jours. Et à quelles fins ? Certainement pas dans le sens d'une réduction de la dépendance à l'égard de l'étranger en matière d'approvisionnement du marché national en produits oléagineux. Dès lors, on ne peut que s'interroger sur le bien-fondé de propos qui se veulent rassurants en direction des opérateurs nationaux et des partenaires économiques de l'Algérie quant à l'encouragement de l'initiative privée, qui se veut désormais doctrinal à tous les niveaux de l'Etat, malheureusement vite contredit par ce contre-exemple de l'action des pouvoirs publics. Tous les efforts non seulement des dirigeants du groupe Cevital et de ses employés, mais également des citoyens de la wilaya de Béjaïa pour alerter l'opinion sur ces blocages, ont fini par payer. Et au moment où certains croyaient percevoir des signes d'apaisement dans ce bras de fer étrange, voilà qu'un nouveau et rocambolesque rebondissement vient annihiler l'espoir d'un dénouement. Au début du mois en cours, les équipements destinés à l'usine de trituration de graines ont pu être dédouanés du port de Skikda et stockés dans des dépôts extraportuaires pour être acheminés vers le site de Béjaïa. Mais voilà qu'un mystérieux contre-ordre va tout bloquer et les équipements ramenés, sous escorte douanière armée, au point de départ. Cet épisode inattendu a créé un climat de panique dans le microcosme de la région. Des têtes de responsables locaux sont tombées, des mutations ont été opérées à une vitesse étonnante, etc. Des mesures prises d'en haut ou du moins ordonnées à partir du plus haut niveau et qui sèment le trouble dans les esprits non seulement dans la région, mais également jusque dans la capitale. Au point que l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger a cru bon et nécessaire de se déplacer sur le site et d'y rencontrer les responsables de Cevital, dont Issad Rebrab, afin de constater de visu ce qui ressemble à un gâchis, ordonné au plus haut niveau. Une sanction politique sans doute et du coup une faveur pour des concurrents plus conciliants et plus proches du pouvoir politique.