L'Iran continue d'exercer une influence néfaste en Irak en y soutenant des groupes armés et devrait chercher à peser sur la politique intérieure du pays à l'occasion des élections irakiennes, affirmait, mardi, un rapport trimestriel du Pentagone sur l'Irak. Ce document, qui porte sur la situation en Irak de septembre à fin novembre 2008, salue par ailleurs l'amélioration continue de la sécurité, mais relève une augmentation des assassinats et déplore le manque persistant de services de base dans le pays. « L'Iran continue de représenter une menace importante pour la stabilité, l'indépendance politique et l'intégrité territoriale de l'Irak à long terme », souligne le rapport. « L'Iran a cherché à faire dérailler l'accord de sécurité à long terme entre les Etats-Unis et le gouvernement irakien » signé mi-décembre et prévoyant le retrait des troupes américaines d'ici à fin 2011, « tandis qu'il continue d'accueillir, de former, de financer, d'armer et de diriger des groupes militants avec pour intention de déstabiliser l'Irak », selon ce document. « Nous continuons de constater des preuves du soutien iranien aux terroristes » en Irak ainsi qu'en Afghanistan, a renchéri, mardi, le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell. L'Iran devrait également tenter de peser sur la politique intérieure du pays à l'occasion des prochaines élections provinciales prévues le 31 janvier, le premier scrutin dans le pays depuis 2005, souligne le rapport. « Téhéran devrait chercher à exercer son influence en Irak en identifiant et en soutenant les campagnes électorales des individus et partis pro-iraniens », selon le document américain. Ces nouvelles accusations contre Téhéran interviennent alors que la nouvelle administration américaine de Barack Obama compte ouvrir le dialogue avec l'Iran pour tenter une « nouvelle approche », selon les propos tenus, mardi, au Congrès par la secrétaire d'Etat désignée, Hillary Clinton. Le rapport trimestriel américain sur l'Irak se félicite, par ailleurs, des progrès continus constatés dans le pays en termes de sécurité. De septembre à fin novembre, le nombre de morts civils a décliné de 63% par rapport à la même période en 2007 et est « au plus bas depuis 2004 », tout comme le nombre de violences et de morts côté militaire américain. D'après l'ONG internationale Iraq Body Count (IBC), dont le siège est en Grande-Bretagne, le nombre de civils tués en Irak a chuté en 2008 à 25 personnes par jour contre 76 en 2006, au plus fort des violences. « Mais malgré ces évolutions positives, les gains sur le front de la sécurité en Irak restent fragiles et réversibles », réaffirme le Pentagone. « Le nombre d'assassinats a augmenté » sur la période, visant « essentiellement des responsables judiciaires et politiques irakiens », selon le rapport. Parmi les autres défis posés à la stabilité, figurent enfin les carences en matière de services publics. « Le manque de services de base a désormais remplacé la sécurité en haut de l'échelle des préoccupations de la majorité des Irakiens, qui se disent insatisfaits de la qualité et de la disponibilité de la nourriture, de l'eau potable, de l'électricité, des systèmes d'égouts et de santé », note le Pentagone. Seuls 16% des Irakiens sont satisfaits du niveau d'électricité qu'ils reçoivent, contre 32% en novembre 2007, d'après des sondages nationaux cités par le rapport. De même, 64% des Irakiens disent avoir accès à de l'eau potable, au moins « la plupart du temps », alors qu'ils étaient plus de 70% un an plus tôt.