Le président George W. Bush prononce ce mardi le grand discours annuel sur l'état de l'Union devant un Congrès dominé désormais par ses adversaires démocrates et entré en résistance contre l'augmentation du contingent américain en Irak. Pour la première fois en six ans, M. Bush s'exprime à 21H00 locales (02H00 GMT mercredi) devant un parlement où ses amis républicains sont minoritaires après les élections de novembre. Et la majorité à laquelle il fait face s'est braquée contre sa décision d'envoyer en Irak 21.500 soldats supplémentaires, annoncée quelques jours seulement après qu'elle eut commencé à siéger. La contestation s'étend à d'éminents républicains qui souscrivent à des projets de résolution hostiles au plan présidentiel. M. Bush devait défendre celui-ci en invoquant une nouvelle fois les nécessités de "la guerre contre le terrorisme" et les dangers que les Américains courraient sur leur territoire s'ils se retiraient prématurément d'Irak. Mais il a clairement signifié qu'il ne ferait pas marche arrière, au risque d'être accusé d'ignorer la volonté exprimée par les Américains aux élections de novembre, dont les démocrates avaient fait un référendum sur l'Irak. Selon les sondages, une vaste majorité d'Américains désapprouvent la politique irakienne de M. Bush et l'envoi de troupes supplémentaires. Nombre de démocrates réclament un calendrier de retrait, que M. Bush a encore refusé lundi. Certains proposent de plafonner le nombre de soldats américains. D'autres, minoritaires, menacent de couper le financement de la guerre. Mais la Maison Blanche a aussi promis "d'audacieuses propositions" intérieures dans ce discours qui trace les grandes lignes de la politique nationale. M. Bush plaidera ainsi pour des incitations fiscales destinées à aider les Américains à se doter de la couverture médicale dont des millions d'entre eux sont dépourvus. Il devrait aussi préconiser de nouvelles mesures pour réduire la consommation de carburant des véhicules et ce qu'il avait appelé dans son précédent discours sur l'état de l'Union la "dépendance pathologique" des Etats-Unis au pétrole. Sur le terrain, l'armée américaine a annoncé que les forces de sécurité irakiennes et la Force multinationale ont arrêté plus de 600 miliciens de l'Armée du Mahdi, du chef radical chiite Moqtada Sadr, qui attendent d'être jugés par le gouvernement irakien. Par ailleurs, le numéro deux d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a défié le président américain George W. Bush, après son annonce le 11 janvier de l'envoi de plus de 20.000 soldats en Irak, lui demandant dans une vidéo mise en ligne mardi d'envoyer toute son armée pour qu'elle soit anéantie par les moudjahidine. Plus de 16 cadres haut placés de cette milice ont été arrêtés et l'un d'eux a été tué, a précisé l'armée dans un communiqué. Cinq de ces cadres sont des commandants de groupes armés dans le quartier populaire chiite de Sadr City, dans l'est de Bagdad, bastion de la milice. Ces dernières arrestations ont eu lieu au cours des derniers 45 jours, lors de 52 raids visant l'Armée du Mahdi. Sur la même période, 42 raids ont visé des extrémistes sunnites. Ce renversement de tendance, qui fait une priorité du démantèlement des milices chiites, jugées responsables de la plus grande partie des violences confessionnelles, était annoncé dans le rapport trimestriel du Pentagone publié le 19 décembre 2006. "Le groupe qui a actuellement l'impact le plus négatif sur la situation sécuritaire en Irak est l'armée du Mahdi, qui a remplacé Al-Qaïda en Irak comme l'accélérateur le plus dangereux d'une violence confessionnelle potentiellement durable en Irak", affirmaient les auteurs du rapport. Six autres chefs de cette milice ont été arrêtés depuis le début du mois d'octobre, ajoute l'armée américaine.