Lors du procès qui s'est déroulé le 24 juillet au tribunal de Ghardaïa, le parquet avait requis deux années de prison ferme et 100 000 DA d'amende contre Salim Yezza. Le verdict du procès du militant des droits de l'homme, Salim Yezza, a été renvoyé au 7 août prochain. Le tribunal de Ghardaïa a jugé qu'il n'était pas encore possible de prononcer le verdict. Le procès s'est déroulé le 24 juillet dernier. Durant ce procès, le parquet avait fait un sévère réquisitoire et requis deux années de prison ferme et 100 000 DA d'amende contre le mis en cause, poursuivi pour «incitation à la haine» et «attroupement illicite». L'avocat de la défense, Koceila Zerguine, a jugé qu'il n'y avait pas d'élément probant étayant les accusations retenues contre son client. Me Zerguine a en effet demandé la relaxe de Salim Yezza. Contacté par nos soins, l'avocat a rappelé les vices de forme relevés lors du procès. Il a précisé que la publication pour laquelle est poursuivi son client date du 25 avril 2014. Les poursuites contre Yezza ont été engagées par le parquet le 9 avril 2018. Les faits sont donc frappés de prescription en matière pénale, car ils datent de plus de trois ans, a expliqué Me Zerguine. L'avocat a également affirmé que le parquet s'est trompé d'article pour le deuxième chef d'inculpation. Le procureur s'est référé, selon lui, dans la plainte à l'article 295 qui traite de la violation de domicile, au lieu de l'article 295 bis 1. Il s'agit donc d'un vice de forme relevé par l'avocat en audience. Aussi, Me Zerguine estime que «les chefs d'inculpation retenus contre son client, à savoir "incitation à la haine" et "incitation à attroupement", ne sont pas appuyés par des preuves tangibles». «Mon client est jugé pour sa publication du 25 avril 2014 qui ne contient pas de propos incitateurs à la haine ou à l'attroupement. Bien au contraire. Il parlait dans cette publication de l'humanisme, du vivre-ensemble, de la non-discrimination entre Algériens. On ne peut donc pas l'accuser de l'opposé de ces valeurs», a souligné Me Zerguine, qui a affirmé que Salim Yezza a vivement dénoncé la violence qui a secoué à l'époque la vallée du M'zab. L'avocat a assuré que Salim Yezza avait clairement exprimé sa solidarité avec les victimes du M'zab. «La solidarité n'a jamais été un crime», a réaffirmé Me Zerguine. Aussi, cet avocat a relevé la condamnation par Salim Yezza de l'instrumentalisation de la religion. «Mon client a le droit d'exprimer des idées et des opinions politiques sur la séparation de la religion de l'Etat. La liberté de culte, de conscience et d'opinion est garantie par la Constitution», a soutenu l'avocat. Salim Yezza a été arrêté le 14 juillet à l'aéroport de Biskra alors qu'il s'apprêtait à prendre un vol pour retourner dans son lieu de résidence en France, après avoir assisté à l'enterrement de son père, sur la base d'un mandat d'arrêt émis le 10 juillet dernier. Une fois arrêté, il a été placé à la prison d'El Maghaier, avant d'être transféré à Ghardaïa. Son arrestation a suscité une vague d'indignations des défenseurs des droits de l'homme. Une pétition est lancée pour exiger sa libération.